« Les Frères musulmans et d’autres extrémistes ont menacé d’attaquer des églises et des maisons chrétiennes. Nous ne savons donc jamais où ils frapperont la prochaine fois. « a déclaré le père Rafik Greiche, responsable médias de l’Eglise catholique locale, à l’AED.
Dans un entretien accordé mercredi à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique « L’Aide à l’Eglise en détresse », le Père Greiche a expliqué qu’il reste inquiet, malgré une certaine amélioration de la situation des chrétiens d’Egypte en termes de sécurité. La tentative d’assassinat contre un évêque copte, commise lundi dernier, est l’exemple le plus récent de la situation encore et toujours précaire des chrétiens égyptiens après la chute du Frère musulman Mohamed Morsi le 3 juillet 2013. A ce sujet, le Père Greiche raconte: « Mgr Makarios, l’évêque copte orthodoxe de Minya, était en route vers le village d’El Saro, pour y offrir ses condoléances à une famille en deuil. Il y a dans ce village une église fermée depuis environ dix ans. Une rumeur s’est rapidement propagée, selon laquelle l’évêque serait venu pour rouvrir l’église. C’est pourquoi des djihadistes ont ouvert le feu sur l’automobile de l’évêque. Il a pu s’échapper. Mais les coups de feu ont duré plus d’une heure. » Des habitants du village auraient incontestablement identifié comme djihadistes les hommes armés qui n’étaient pas masqués. Le Père Rafik a souligné que la province de Minya, située en Haute-Egypte, ainsi que celle de Sohag, étaient des hauts-lieux des musulmans radicaux. Ils y seraient extrêmement présents et y disposeraient de soutien dans des familles. Par ailleurs, en se retirant dans le désert tout proche, il leur serait facile d’échapper aux forces de police venues les arrêter. Dimanche déjà, la veille de la tentative d’assassinat contre l’évêque, la localité d’Ezbet Zakariya, également située dans la province de Minya, avait été le théâtre de violences contre des chrétiens. Des djihadistes y ont proclamé que les maisons chrétiennes pouvaient être pillées et incendiées. Les familles chrétiennes ont fui du village, a confirmé le Père Rafik.
A la question si les autorités égyptiennes remplissaient leur tâche de protéger les chrétiens et leurs institutions contre des actes de violence à motivation musulmane, le Père Rafik a répondu: « La police fait ce qui est en son pouvoir. Mais cela ne suffit pas. Malheureusement, elle doit aussi s’occuper de nombreux autres problèmes. Dernièrement, les Frères musulmans voulaient occuper la place Tahrir au Caire. Ce n’est donc pas dû au manque de volonté de la police de nous protéger. Les forces de sécurité ne le peuvent simplement pas à cause de leurs capacités limitées. » Voilà pourquoi l’Eglise tenterait autant que possible de prendre elle-même des mesures de protection. Des extincteurs auraient notamment été achetés en quantité pour pallier aux incendies criminels. Cependant, le Père Greiche affirme l’importance des nombreux cas où des musulmans du voisinage se seraient dressés contre des exactions des Frères musulmans, par exemple contre une église. « J’en ai été témoin moi-même: les gens se battent contre les attaquants jusqu’à l’arrivée de la police. Cela montre bien que les Frères musulmans ne bénéficient pas du soutien de la population, contrairement à ce qu’ils prétendent. Les gens rejettent les Frères musulmans ».
AED/O. Maksan