Le Dr Justin Welby appelle les anglicans à l’unité


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Le Dr Justin Welby appelle les anglicans à l’unité
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Justin Welby 2Fondée par le roi Henri VIII en 1534 (parce que le pape refusait de reconnaître la nullité de son mariage), l'Eglise anglicane est aujourd'hui largement répandue dans le monde, mais est aussi en proie à un risque d'éclatement. Le 23 octobre dernier, le Dr Justin Welby (photo), primat de la Communion anglicane, a appelé à l'unité les membres de son Eglise.

"L'Eglise anglicane doit être sainte et unie", rappelle le Dr Justin Welby, archevêque de Cantorbéry et primat de la Communion anglicane, dans un message envoyé le 23 octobre dernier, à l'occasion de la troisième Conférence sur l'avenir de l'anglicanisme, réunie à Nairobi (Kenya). S'il insiste sur ce point, c'est parce qu'il est conscient qu'il s'agit d'un "défi majeur" pour les 38 provinces ecclésiastiques qui composent la Communion, réparties dans 146 pays. Au cours de ces dernières années, les divisions n'ont effectivement fait que croître. D'un côté, le courant libéral défend des positions suivant l'évolution de la société – avortement, contraception, mariage entre personnes de même sexe –, mais aussi l'ordination de femmes et d'homosexuels comme évêques. De l'autre, le courant conservateur, notamment en Afrique, juge que ces positions décrédibilisent leur Eglise.

Très fortes tensions

Depuis le 2 novembre 2003, date de l'ordination épiscopale aux Etats-Unis de Gene Robinson, un prêtre anglican ouvertement homosexuel, l'ancien primat du Nigéria, Peter Akinola a pris la tête du courant conservateur anglican. "Une proportion considérable de la Communion anglicane est dans l'erreur", a-t-il déclaré suite à cette ordination. Les Eglises du Sud forment le plus gros des bataillons conservateurs, mais pas uniquement. Les évêques d'Amérique du Nord et d'Australie les plus évangéliques les ont rejointes et, comme elles, refusent tout amoindrissement de la doctrine biblique. Peter Akinola ne revendique toutefois pas un schisme, mais "une Eglise dans l'Eglise".

En fait, les divergences liturgiques et théologiques entre les courants de l'anglicanisme ne datent pas d'hier. Les premières ruptures ont éclaté en 1974, suite aux premières ordinations de femmes dans certaines provinces. Des groupes de fidèles ont alors fondé leurs propres Eglises dissidentes qui se sont retirées de la Communion anglicane. Début des années 2000, c'est l'acceptation de la bénédiction des couples homosexuels et de l'ordination d'homosexuels qui a conduit un certain nombre de paroisses et de diocèses à se mettre sous la juridiction de provinces plus conservatrices.

Le boycott de la conférence de Lambeth

C'est toutefois en 2008 que des structures semi-dissidentes ont clairement émergé au sein de la Communion. En effet, en réponse à l'affaiblissement moral dénoncé par les anglicans conservateurs, environ 150 évêques sur 800 ont choisi de boycotter la conférence de Lambeth, qui a lieu tous les dix ans, en Angleterre, depuis… 1867. Cette année-là, un contre-synode, tenu à Jérusalem, a réuni 300 évêques. Le mouvement s'est ensuite installé dans la durée avec la formation de la Fraternité des anglicans confessants (Fellowship of Confessing Anglicans) qui s'est dotée de son propre conseil de Primats. De la même façon, lors de la conférence des primats de Dublin en 2011, plus du tiers des provinces de la Communion n'ont pas envoyé de représentants.

Depuis sa nomination, l’archevêque de Cantorbéry ne cesse d’insister sur l’unité de la Communion anglicane dont il est le primat. Pour lui, "cette diversité dans l’Eglise, et les conflits que cela peut engendrer, n’est pas négative". "Montrons au monde que le désaccord n’est pas forcément destructeur", a-t-il déclaré.

Pascal ANDRE (avec La Croix)

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