Alors que la Commission européenne est sur le point de présenter des propositions en vue de renforcer la « dimension sociale de l’Union économique et monétaire », un sondage réalisé par l’institut Gallup révèle que, pour plus d’un Européen sur deux, l’austérité est un échec.
Les politiques d’austérité mises en œuvre pour rétablir les finances publiques n’ont pas bonne presse auprès des citoyens européens. Selon une enquête menée par l’institut Gallup auprès de 6.177 personnes et publiée mercredi 2 octobre, 51% des citoyens de l’UE estiment effectivement que ces politiques ne marchent pas. Ils ne sont que 10% à penser le contraire, 34% estimant qu’elles nécessitent plus de temps pour réussir.
Sans surprise, les taux les plus négatifs sont atteints dans les pays sous assistance financière: 80% en Grèce, 68% au Portugal et 64% à Chypre. Ils ne sont toutefois que 34% en Irlande, un pays qui s’apprête à sortir de son plan d’aide après une longue cure d’austérité. Etonnamment, certains pays, pourtant en pleine santé économique, ne croient pas en l’efficacité du régime sec. C’est notamment le cas pour 64% des Autrichiens. À l’inverse, des pays comme la Suède (43%), le Royaume-Uni (39%), la Finlande (45%) ou la Lettonie (37%) se situent en deçà de la moyenne européenne.
Quelles alternatives à l’austérité ?
Sans croire à l’austérité, les Européens ne sont pas pour autant sans espoir. Ils sont 60 % à considérer qu’il existe de « meilleures alternatives » à de telles politiques. C’est sans surprise en Grèce qu’ils sont les plus nombreux (94%), au Portugal (81%) et en Espagne (80%).
Leur proportion est plus réduite en Allemagne (50%) et en Finlande (46%). Cet espoir des Européens doit toutefois être relativisé, car le sondage ne livre aucun détail sur la nature de ces alternatives.
À la question de savoir qui tire profit de ces politiques, seulement 22% des Européens affirment qu’elles bénéficient à toute l’Europe, contre 67% qui estiment qu’elles ne profitent qu’à certains Etats membres. Quand on leur demande de citer des pays, l’Allemagne arrive largement en tête avec 77% de réponses, devant la France (48%) et le Royaume-Uni (39%). La Grèce (23%), pays le plus assisté et qui souffre considérablement de l’austérité, est en quatrième position, juste devant l’Italie et l’Espagne (20%).
Double passage à la trappe
Pour répondre au rejet omniprésent et grandissant en Europe des politiques d’austérité depuis le début de la crise en 2008, la Commission européenne tente de trouver une réponse sociale. Mais les deux principales propositions avancées par les partisans d’une Europe plus solidaire ont été renvoyées aux calendes grecques: le fonds européen d’assurance-chômage, idée ardemment défendue par François Hollande, et le contrat de « convergence et de compétitivité » qu’Angela Merkel souhaite imposer à ses pairs afin de faciliter les réformes structurelles dans les pays les plus réticents.
Ce double passage à la trappe résulte, en fait, d’un blocage entre Paris et Berlin. L’Elysée, qui craint que les « contrats » ne se soldent par une perte de souveraineté, n’a toujours pas répondu aux discrètes demandes formulées par l’Allemagne cet été. Berlin, de son côté, redoute qu’un fonds de chômage à l’échelle de la zone euro se traduise par de nouvelles ponctions sur le budget fédéral. Qu’il s’agisse de social ou d’économie, Angela Merkel, brillamment réélue, considère toujours que la responsabilité nationale passe avant la solidarité.
Pascal ANDRE
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