Lampedusa: l’Europe ne veut pas se résigner, mais…


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Lampedusa: l’Europe ne veut pas se résigner, mais…
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Lampedusa-cercueilsL'Union Européenne s'attaque au problème des migrations. Si elle peut trouver de l'argent pour sauver davantage de vies en péril sur la Méditérranée, sa capacité d'action semble plus limitée par ailleurs. Ce mercredi, le président de la Commission José Manuel Barroso était à lampedusa. Il a été accueilli par les huées des habitants.

Après le terrible naufrage survenu au large de l’île italienne de Lampedusa (seulement 155 survivants sur les quelque 500 migrants illégaux qui avaient embarqué sur un bateau de pêche), la Commissaire européenne aux Affaires intérieures Cecilia Malmström a réuni mardi les ministres de l’Intérieur et de l’Immigration de l'Union Européenne pour un Conseil à Luxembourg. La Commissaire a proposé aux Etats "d’organiser une grande opération de sécurité et de sauvetage en Méditerranée, de Chypre à l’Espagne", menée par Frontex, en précisant qu'elle allait "demander le soutien et les ressources nécessaires" afin de "sauver plus de vies". Les Etats membres seront donc appelés à fournir des navires, des avions et surtout de l'argent pour permettre à Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, de mener à bien cette mission.
Cette agence aurait, selon Bruxelles, sauvé 16.000 vies ces cinq dernières années. Mais elle n'a aucun moyen propre, et son budget a été réduit, au nom de l'austérité, de 118 millions d'euros en 2011 à 85 millions cette année.

Pas de changement pour les règles d'asile

Mais si un accord pouvait se dégager rapidement pour augmenter le budget de Frontex, sur d'autres points, les choses sont bien différentes. Les pays du Nord de l'Europe ont ainsi rappelé leur refus aux demandes de changement des règles en matière d'asile. Les ministres allemand, suédois et danois ont une nouvelle fois rejeté l'idée d'une modification de l'accord de Dublin, qui impose aux pays d'arrivée des demandeurs de traiter les demandes.
Il faut savoir que les migrants venus d'Afrique et du Proche-Orient (qui accèdent à l'UE par l'Italie, Malte, la Grèce, Chypre, la Bulgarie et l'Espagne) ne représentent qu'une infime partie des demandeurs d'asile. Ils ont été plus de 330.000 à frapper aux portes de l'UE en 2012, et 70% des demandes ont été enregistrées par l'Allemagne (77.500), la France (60.600), la Suède (44.000), le Royaume-Uni (28.000) et la Belgique (28.000), selon les données d'Eurostat, l'office statistique de l'UE. Les demandeurs arrivent dans ces pays par avion ou par la route, le plus souvent munis d'un visa de tourisme, précise-t-on de source européenne. L'Italie, avec 15.000 demandes en 2012, n'est donc pas le pays le plus sollicité, avancent les pays du Nord de l'UE. Au total, 24 des 28 Etats membres sont opposés à une modification des règles.
Par ailleurs, l'Union Européenne refuse aussi de s’immiscer dans le débat sur la loi italienne Bossi-Fini qui a introduit un délit de l’immigration clandestine. La Commission se dit incompétente. Et laisse donc seuls les pêcheurs, les collaborateurs de Frontex, les capitaines de grands bateaux qui ont peur de poursuites pénales et ne feraient donc pas tout pour protéger les gens qui sont à la dérive en pleine mer.
À court terme, l’Union mise sur l’efficacité d’Eurosur, un système d’échange d’informations et d’images satellitaires entre gardes-côtes, opérationnel en décembre, pour mieux détecter les embarcations.
Enfin, renforcer les dispositifs de surveillance pour sauver des vies ne revient qu'à traiter un des symptômes de l'immigration clandestine. Il faudrait aussi lutter contre les réseaux de transports clandestins, aider un certain nombre de pays tiers à gérer les flux de migrants au départ, et envisager une politique européenne globale, qui inclurait les coopérations étendues avec ces pays tiers.
La gestion européenne de l’immigration devrait être inscrite à l’ordre du jour du prochain sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement, à la fin de ce mois.

P.G.

A Lire aussi: Le Vatican prie pour Lampedusa

 

 

Catégorie : International

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