
L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Monsengwo fait partie des huit cardinaux qui aideront le pape dans la réforme de la curie
Alors que le pape entame aujourd’hui sa réunion de trois jours avec ce qu’on surnomme le "G8" du Vatican quelle serait l'importance d'une future réforme pour le croyant "de base"? Tentative d'explications en ce premier jour de la rencontre entre le pape et les huit cardinaux chargés de réformer le "gouvernement de l'Eglise".
Que l'on soit croyant ou non, il y a bien une question qui reste dans un coin de la tête lorsque l'on aborde l'Eglise. Comment se fait-il que depuis deux mille ans, elle puisse continuer à maintenir un tel pouvoir religieux, d'influence et d'autorité sur toute la planète, au sein de toutes les couches sociales, et à travers les soubresauts de l'Histoire?
Avec le regard de la foi, le croyant distinguera la présence de Dieu auprès des siens. Certains y verront le dévouement de milliers de volontaires, catéchistes, prêtres, religieux... D'autres analyseront la cohérence globale du message catholique. D'autres encore, souligneront l'importance de l'organisation vaticane, car le catholicisme est bien une religion incarnée qui chemine à travers l'histoire des hommes. C'est ainsi qu'auprès des murs du Vatican, l'Eglise entretient un instrument indispensable pour rassembler autour d'elle le milliard deux cents millions de catholiques répartis à travers les continents: la Curie.
Un gouvernement de 21 "ministères"
La Curie est le gouvernement de l’Eglise qui entoure le pape. Pour ce faire, elle est divisée en 21 dicastères (12 conseils pontificaux et 9 congrégations) que l'on peut comparer à des "ministères", et qui sont chapeautés par la Secrétairerie d’Etat, au sein de laquelle convergent tous leurs travaux.
En dessous donc de cette Secrétairerie d'Etat, les "ministères" qui forment la Curie sont aussi nombreux que variés. Sans pouvoir les citer tous, ils touchent autant à la définition de la doctrine de la foi, qu'à l'aide administrative, organisationnelle ou catéchétique auprès du clergé par exemple.
Accompagnant cette Curie, existent trois tribunaux et de nombreux services annexes. C'est ainsi que sous Benoit XVI, on comptait 2700 employés au Vatican.
Le dialogue
Mais il serait faux de croire que l'organisation vaticane se limite à cet organigramme. Structurée à l'image de ce que le Christ avait institué à son époque, le collège des évêques a aussi son mot à dire, et représente le groupe des douze qui marchaient auprès de Jésus. Rassemblés plusieurs fois par pontificat à l'occasion de synodes, ils réfléchissent autour d'un thème prédéfini (la nouvelle évangélisation par exemple), et à partir de ce qu'ils vivent concrètement dans leurs différents diocèses.
C'est ici justement que se logent de nombreuses controverses. Car au Vatican, beaucoup de critiques visent l'organisation même de cette curie qui manquerait d'efficacité et au sein de laquelle chacun travaillerait de son côté. Pour beaucoup également, le collège des évêques, pourtant très riche en échanges d'expériences concrètes, n'aurait pas assez de place à Rome, et ne permettrait pas de contrebalancer une organisation vaticane trop centralisée et trop éloignée du "terrain".
Le pape François semble très attentif à ses remarques, lui qui prépare avec le groupe de huit cardinaux une vaste réforme de cette curie. De nombreux services pourraient être réorganisés avec, en toile de fond, une volonté certaine du pape de promouvoir la synodalité et le dialogue avec l'ensemble de l'Eglise. Sentir avec l'Eglise est une expression que le pape aime beaucoup, comme il le répétait dans une interview récentes aux revues jésuites. "C'est, pour moi, être au milieu [du Peuple de Dieu]", expliquait-il alors.
Toute réforme est difficile à mettre en place, et celle de l'Eglise universelle ne sera pas aisée. Mais elle intéresse tous les chrétiens quels qu'ils soient tant elle préside à l'écoute de leurs questionnements, à la vie paroissiale, à la diffusion de la foi, ou au développement de réflexions sur des questions de fond (place de la femme dans l'Eglise...). Le pape François a de grandes ambitions pour l'Eglise qu'il définit comme "un hôpital de campagne", capable de "réchauffer les coeurs" et de témoigner de l'amour divin. La réforme de la curie qui se concrétisera dans les prochains mois ne sera en tout cas pas innocente ou anodine. Elle permettra de distinguer les points, les axes et les orientations chers au pape François; elle permettra d'imaginer l'Eglise de demain.
De notre correspondant à Rome, Bosco d'Otreppe
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