Espagne : Une béatification controversée


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Espagne : Une béatification controversée
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

béatification espagneDimanche 13 octobre, à Tarragone, en Espagne, 522 prêtres, religieux et religieuses ont été béatifiés. Si la célébration s'est passée sans encombre, des associations de victimes du franquisme ont fait part de leur indignation. Pour elles, cette béatification est "un acte politique d'affirmation franquiste".

Plus de 500 religieux, morts pour la plupart durant la guerre civile espagnole (1936-1939), ont été béatifiés dimanche 13 octobre à Tarragone, dans l'est de l'Espagne, devant des milliers de fidèles, parmi lesquels les ministres de la justice et de l'intérieur, Alberto Ruiz Gallardon et Jorge Fernandez Diaz, ainsi que le président de la région de la Catalogne. Une cérémonie, présentée comme étant "la plus grande béatification de l'histoire de l'Eglise" par les médias espagnols, à laquelle s'est associé le pape François, via un message enregistré retransmis par vidéoconférence.

Un acte politique?

La Conférence épiscopale espagnole a voulu éviter la controverse politique en ne faisant pas allusion à la guerre civile dans l’annonce de la cérémonie, usant du terme plus large de "martyrs du XXe siècle". Mais cela n’a pas empêché l’indignation des associations de victimes du franquisme, qui se sont adressées directement au pape dans un message diffusé le 11 octobre afin qu'il annule la cérémonie. "Après la mort du dictateur, rien n’a changé", peut-on notamment y lire. "D’un côté, la hiérarchie catholique espagnole honore certaines victimes avec des béatifications et canonisations en masse; de l’autre, elle oublie celles de la répression franquiste, parmi lesquelles se trouvaient des membres de l'Eglise." Pour ces associations, la béatification est donc un "acte politique d'affirmation franquiste".

Malgré la demande des Nations unies d’enquêter sur le sort de dizaines de milliers de victimes du franquisme et une enquête ouverte par la justice argentine, l’Espagne continue de se réfugier derrière la loi d’amnistie pour refuser d’ouvrir ce douloureux dossier.

P. A. (avec La Croix)


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