La situation des divorcés remariés dans l’Eglise catholique provoque un important malaise, surtout pour les personnes directement concernées qui ne comprennent pas pourquoi l’Eglise leur refuse l’accès à la communion. Mais pourquoi Rome est-elle aussi intransigeante sur ce point? Que dit exactement le magistère de l’Eglise sur ce point?
1. Quelle est la position de l’Eglise par rapport au divorce ?
Pour l’Eglise, le mariage validement contracté et consommé ne peut être dissous par aucun pouvoir humain ni pour aucune raison, excepté par la mort (droit canonique, canon 1141). En conséquence, même divorcés, les anciens époux restent mariés définitivement. Toute nouvelle relation, aussi forte et belle soit-elle, ne peut donc avoir que l’apparence du mariage puisque le premier demeure, qui était un engagement définitif « pour le meilleur et pour le pire« . Si le code de droit canonique, publié en 1983, ignore volontairement la notion de divorce, il reconnaît toutefois qu’une séparation, pour douloureuse qu’elle soit, est parfois nécessaire « si l’un des conjoints met en grand danger l’âme ou le corps de l’autre ou des enfants, ou encore si, d’une autre manière, il rend la vie commune trop dure » (can. 1153-1).
2. Les divorcés peuvent-ils communier ?
Ceux qui, étant divorcés, ne concluent pas un deuxième mariage civil, ont accès à tous les sacrements de l’Eglise peuvent donc communier. En revanche, les personnes qui se remarient civilement ne peuvent recevoir la communion eucharistique.
3. Pourquoi les divorcés remariés ne sont-ils pas admis à la communion eucharistique ?
Parce que, dans la conception chrétienne du mariage, l’Eucharistie joue un rôle très important. Il traduit l’union permanente entre le Christ et l’Eglise, concrétisé dans l’amour conjugal de l’homme et de la femme. Cet argument repose notamment sur une phrase de saint Paul: « Comme dit l’Ecriture: ‘A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand: je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise. » (Eph 5, 31-32). Pour cette raison, l’Eglise catholique considère que la rupture a une valeur anthropologique et théologique non négociable. Pour elle, le mariage reste valide, même si le couple est séparé ou divorcé.
4. Les divorcés remariés sont-ils excommuniés ?
Il est vrai que, jadis, l’Eglise n’était pas tendre avec les divorcés: pas de sépulture, pas de baptême pour les enfants issus d’un remariage… Mais aujourd’hui, elle insiste beaucoup pour que rien ne puisse être dit ou fait pour donner à penser aux chrétiens divorcés qu’ils ne font plus partie du Peuple de Dieu. Les divorcés remariés sont donc des chrétiens à part entière, même s’ils sont « en situation irrégulière« . Dans l’exhortation apostolique « Sacramentum Caritatis », le magistère est effectivement très clair sur ce point: « Les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d’appartenir à l’Eglise, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu’ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la messe, mais sans recevoir la communion, par l’écoute de la Parole de Dieu, par l’adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l’engagement dans l’éducation de leurs enfants. »
5. L’Eglise peut-elle annuler un mariage ?
L’Eglise ne peut pas revenir sur un mariage publiquement célébré entre deux baptisés, et consommé. Car alors le sacrement est pleinement conféré et l’Eglise n’est pas propriétaire des sacrements. En revanche, elle constater, après enquête, et déclarer par jugement qu’il n’y a jamais eu mariage. Non pas que le jugement annule un mariage réel, mais au sens où il constate que le mariage n’existe pas. Plusieurs causes peuvent intervenir, parmi lesquelles l’absence de liberté d’un conjoint, l’immaturité rendant impossible un engagement et l’impuissance à accomplir l’acte conjugal.
Pascal ANDRE