La grande distribution s’organise contre le gaspillage alimentaire


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La grande distribution s’organise contre le gaspillage alimentaire
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

supermarchéAnticipant sans doute sur des mesures règlementaires, la grande distribution s'organise pour essayer de moins jeter de produits alimentaires. Une nouvelle initiative se met ainsi en place à Marcinelle, dans un supermarché Delhaize où les Banques alimentaires seront autorisées à venir dès 17h faire un choix parmi trois types de produits.

L’an dernier, la grande distribution a offert 2.600 tonnes de nourriture aux plus démunis. 2.600 tonnes qui ont ainsi évité la poubelle. Ces invendus, on s'y intéresse de plus en plus, en particulier dans ce contexte de crise et de précarité croissante. L'an passé, la ville de Herstal avait montré l’exemple en la matière. En juin 2012, elle avait conditionné le renouvellement du permis d’environnement d’une grande surface (Carrefour), à la redistribution de ses invendus à des banques alimentaires. Puis a imposé la mesure à toutes les enseignes de plus de 1.000 m². Les exploitants de ces supermarchés se sont montrés plutôt réceptifs à une telle décision, leurs craintes étant davantage liées à la réaction de l’agence fédérale pour la sécurité alimentaire (Afsca).
Du coup, cette initiative, visant à lutter contre le gaspillage de produits comestibles mais invendables, n’a pas manqué d’être relevée par d’autres bourgmestres (notamment à Bruxelles), qui ont à leur tour préparé des projets de motions allant dans ce sens, mais aussi par des députés wallons. Six d’entre eux ont ainsi déposé une proposition de décret au parlement régional pour généraliser la mesure prise à Herstal à l’ensemble de la Wallonie. En justi­fiant notamment la mise en place d’une telle obligation par la baisse drastique des subventions accordée par l’Union européenne aux banques alimentaires.

Récupérer les "ventes rapides"

A Marcinelle, pas d'obligation venue de la commune. L’enseigne au lion poursuit une expérience qui existe depuis un an dans dix-huit autres magasins en Flandre et à Bruxelles. Concrètement, un membre de la Banque alimentaire se rend chaque jour vers 17h dans le supermarché dans lequel il scanne les marchandises en "vente rapide" qu’il désire emporter. Trois types de produits peuvent être ainsi récupérés: les produits frais en vente rapide, les pains frais invendus congelés la veille et les produits secs dont la date de péremption arrive à échéance.
Les denrées collectées seront ensuite congelées dans les frigos de la Banque alimentaire et distribuées dès le lendemain aux associations. A Marcinelle, on estime que cette collecte permettra de distribuer 150 repas.
Delhaize n'est pas la seule entreprise avec qui collabore les Banques alimentaires. C'est aussi le cas de Colruyt (qui a déposé un recours contre la décision de la ville de Herstal), avec un système différent. Il n'y a pas de collecte en magasin; tout est centralisé dans le centre de distribution, où les banques alimentaires viennent retirer deux à trois fois par semaine les denrées excédentaires.
La collaboration est aussi effective avec les Carrefour Planet (mieux encore, en février dernier, la fondation Carrefour offrait un camion frigo à la banque alimentaire de Liège), et certains hypermarchés de l'enseigne Cora.

L'Etat doit encourager

Reste que les entreprises de la grande distribution attendent aussi un encouragement de l’Etat, car donner ne dispense pas de devoir payer la TVA, alors qu'elles en sont exonérés si les invendus partent à la poubelle. C’est pourquoi une autre proposition de loi a été déposée, au fédéral, pour corriger cette incohérence. Et permettre d'amoindrir les pertes. Chez Delhaize, les invendus alimentaires représentent jusqu’à 1,5% de notre chiffre d’affaires, soit quelques dizaines de millions d’euros.
Une chose est sûre dans ce dossier, tout le monde est d'accord pour éviter au maximum le gaspillage alimentaire. Cela ne concerne pas seulement la grande distribution mais aussi les entreprises de taille beaucoup plus modestes, notamment dans l'Horeca. Le problème qui se pose alors est d'ordre logistique. Car il faut beaucoup déplacer pour récupérer des quantités de nourriture beaucoup plus modestes… Ce qui coûte cher. Une autre réflexion doit aussi être menée par rapport à cela.

Pierre GRANIER

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