Le jeu vidéo le plus cher de l’histoire vient de sortir dans le commerce. Son succès commercial est déjà quasiment garanti. En raison de ses qualités graphiques mais surtout de sa violence. GTA V, c'est ni plus ni moins que l'apologie de la transgression.
A peine sorti, le cinquième épisode de GTA (pour Grand Theft Auto, c'est-à-dire "vol de voiture qualifié") s'arrache déjà dans le commerce. La société Rockstar, qui l'a conçu, a investi 265 millions de dollars dans ce jeu vidéo, dernière version d'une série à succès lancé en 1997. Elle espère en retirer 1,5 milliard de bénéfices…
Autant d'argent pour un jeu aussi amoral laisse pantois. Car ce n'est pas pour l'hyperréalisme de son graphisme, que GTA V suscite un tel engouement mais en raison de la violence omniprésente sur laquelle il s'appuie. L'un des trois héros (dont on enfile le costume en tant que joueur) gagne des missions en vendant de la drogue, en abattant des ennemis. Il engrange des bonus en tuant des policiers ou en allant voir des prostituées. La transgression totale est donc ici valorisée.
"Déconseillé au moins de 16 ans"
La violence est telle que le jeu est déconseillé au moins de 16 ans ! La belle affaire pour la société Rockstar qui a parfaitement intégré dans son marketing un tel avertissement. Elle sait que son jeu n’en sera que plus désirable, et fait semblant de ne pas savoir qu’une grande partie de son public est composée d'adolescents beaucoup plus jeunes.
Outre sa violence, ce jeu semble particulièrement "addidictif" du fait qu'il est impossible de faire rapidement "le tour" de son univers malsain.
La sortie et toute la promotion faite autour de GTA V est aussi l'occasion de rappeler que le jeu vidéo est le média "culturel" le plus populaire du marché . A voir les sommes d'argent qui y sont désormais investis, à l'égal des plus importants "blockbusters" au cinéma, il est donc important pour les parents de s’informer sur ces jeux auxquels s'adonnent leurs enfants. Et de tirer la sonnette d'alarme devant des contenus aussi perturbants, qui contribuent à banaliser la violence et incitent à l'immoralité. Quitte à passer pour d'affreux ringards.
En décembre 2012, après la tuerie de Newtown, un sénateur américain avait expliqué les dangers des jeux vidéo violents, en pointant en particulier la série GTA , et demandé que le prochain épisode (l'actuel GTA V) soit banni. Laissant sous-entendre que ces jeux pousseraient certains à passer à l'acte… Le lien est sans doute impossible à démontrer.
Alors, on peut évidemment faire le pari que ce n'est qu'un jeu et qu'il faut faire confiance à la capacité de discernement de nos jeunes; on peut aussi dire que GTA choisit la provocation et le second degré… Mais on ne peut nier que c’est par le jeu que l’on apprend. On est ici dans la même problématique que les film pornographiques auxquels peuvent avoir facilement accès les ados. Et qui ne s'en privent pas... Malgré le danger que cela représente en matière d'éducation à une vie affective et sexuelle respectueuse de l'autre.
De la même manière, le jeu vidéo, un des derniers lieux de transgression de l'adolescence, requiert donc toute la vigilance des parents.
Pierre GRANIER
