Entre 60.000 et 80.000 manifestants de toutes confessions ont défilé le 1er septembre dernier, à Addis-Abeba, capitale éthiopienne, contre les extrémismes religieux. Un événement important, qui intervient après un mois d’août marqué par des arrestations lors de l’Aïd et des altercations mortelles entre musulmans et policiers.
Ces derniers mois, la coexistence pacifique entre les religions s’est détériorée en Ethiopie, où la grande majorité des habitants sont orthodoxes et un tiers d’entre eux musulmans. Depuis vingt ans, la Constitution éthiopienne garantit la liberté de culte, mais elle garantit aussi la séparation de l’Église et de l’État. Or, le gouvernement, même s’il le réfute, est accusé de vouloir dicter une religion d’État aux musulmans et de vouloir noyauter les organisations religieuses pour réduire leur influence sur la société.
Ce climat de tension a été particulièrement perceptible en août dernier. Lors de la fête de l’Aïd qui marque la fin du ramadan, plusieurs arrestations ont eu lieu à Addis-Abeba. Les protestataires réclamaient le respect de la Constitution, accusant les autorités de s’immiscer dans la sphère religieuse en imposant une doctrine d’Etat au Conseil suprême des affaires islamiques. Le gouvernement éthiopien a réfuté ces accusations, tout en s’alarmant de la radicalisation de certains musulmans.
Début août, un autre incident a éclaté dans la région Oromia dans le sud du pays. Cinq décès ont été dénombrés lors d’affrontements entre policiers et personnes de confession musulmane.
Le respect de la Constitution
C’est pour renforcer la coexistence pacifique entre les différentes confessions, qui prévalait jusqu’à présent en Ethiopie, le Conseil interreligieux a décidé d’organiser une manifestation dans la capitale, à laquelle ont participé entre 60.000 et 80.000 personnes. Le patriarche de l’Eglise orthodoxe et le président du Conseil suprême des affaires islamiques y ont parlé d’une même voix. Tous deux ont demandé à ce que le gouvernement respecte la Constitution qui garantit la liberté de culte, mais aussi la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
P. A.