Charleroi disperse la mendicité


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Charleroi disperse la mendicité
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

mendicitéLe conseil communal carolo n'est pas revenu sur ses intentions annoncées en juin dernier et il a donc adopté lundi soir le nouveau règlement sur la mendicité. Les mendiants devront désormais circuler au fil de la semaine entre les différentes localités de Charleroi.

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Pour les édiles carolo, la pratique actuelle de la mendicité génére un sentiment d’insécurité auprès de la population et perturbe la vie du centre-ville, en particulier les commerces. La situation aurait même tendance à se dégrader dans les différents centres urbains de la métropole carolorégienne. Comment y remédier ? Comment lutter contre les réseaux organisés de la mendicité ? En dispersant cette mendicité sur tout le territoire carolo, ont répondu les élus communaux qui estiment qu’actuellement, 80% des mendiants se concentrent quasi exclusivement dans l’intra ring.
Concrètement, la mendicité sur le territoire de la Ville de Charleroi fait l'objet d'une répartition par zones correspondant aux territoires des anciennes communes fusionnées pour constituer la Ville de Charleroi. Désormais, la mendicité sera autorisée (de 8h à 18h) le lundi à Mont-sur-Marchienne et Monceau-sur-Sambre, le mardi à Gilly et Gosselies, le mercredi à Charleroi centre, le jeudi à Montignies-sur-Sambre et Marchienne, le vendredi à Marcinelle et Jumet et le samedi à Couillet. S'ils ne respectent par ce calendrier, les mendiants se verront alors saisir le produit de leur manche. Mais avant d'appliquer la sanction, la police devra s'assurer que la personne se livrant à la mendicité a bien connaissance de ses droits en matière d'aide sociale. Le règlement stipule en outre que "tout contrevenant, s'il le consent, peut être conduit au Centre public d'Action sociale de Charleroi pour information de ses droits où le personnel de l'urgence sociale pourra être requis. En toute circonstance, il lui sera fourni une liste des principaux services d'aide sociale en fonction sur le territoire communal."

Une mesure qui laisse perplexe

Ce nouveau règlement, qui sera effectif au 1er octobre, n'a pas manqué de faire couler beaucoup d'encre. Pour autant, seuls les partis Ecolo et le PTB + ont voté contre les nouvelles dispositions. Xavier Desgain (Ecolo) a dénoncé "une chasse aux pauvres", alors que "la pauvreté devrait être la priorité numéro 1".
Critiquée lorsque le projet fut rendu public en juin dernier, la proposition du Conseil communal avait été retravaillé durant l'été. L'échevine carolo de l'Action sociale, Véronique Salvi, a mis en place un comité d'accompagnement incluant notamment des acteurs associatifs qui œuvrent auprès des sans-abri et un responsable de la FGTB Charleroi. Le règlement a ainsi été revu, mais à la marge. La mendicité sera ainsi autorisée à Charleroi le mercredi (plutôt que le lundi comme initialement prévu) et certaines sanctions ont été assouplies. La police s'est par exemple engagée à ne pas pratiquer de fouilles au corps, ce qui permettrait aux mendiants de ne pas être privés de leurs recettes. Et si la recette est saisie, elle sera versée sur le compte bancaire de l'organe central des saisies et de confiscation, à titre conservatoire. Ce qui signifie en clair que celui-ci pour être restitué aux intéressés ultérieurement. Il ne devrait pas non plus y avoir de poursuites judiciaires contre les usagers contrevenants.
Par ailleurs, quels moyens seront déployés pour transporter ces mendiants sur leurs lieux de manche ? Et pour leur garantir un repas aux Restos du Cœur ?

La ville de Charleroi dit que ce règlement se place aussi dans un contexte de résolution "globale" d'une problématique compliquée. Via le Cpas, elle envisage de mettre en oeuvre un accompagnement social optimal afin de sortir le public concerné (ils seraient entre 120 et 160) de la précarité. Et ce, via des plans individuels de réinsertion.
Les intentions sont donc louables. Fallait-il en passer par un tel règlement qui stigmatise une population déjà en souffrance ? Il est clair qu'il faudra être particulièrement vigilant sur la mise en œuvre de ce texte qui laisse perplexe le doyen de Charleroi.

P.G.

Ecoutez la réaction de Luc Lysy:

Catégorie : L'actu

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