La mort dans l’âme, « Médecins Sans Frontières », qui était l’une des rares ONG encore présente en Somalie, a décidé de fermer « toutes ses activités humanitaires » dans le pays, à partir de ce mercredi 14 août. En 22 ans de présence, l’organisation a subi des dizaines d’attaques contre son personnel, ses ambulances et ses infrastructures médicales. 16 volontaires ont également été tués au cours de cette période.
Présente de manière continue en Somalie depuis 1991, l’organisation médicale humanitaire internationale « Médecins Sans Frontières » a annoncé, ce mercredi 14 août, la fermeture de tous ses programmes dans ce pays. « Cette décision intervient à la suite d’agressions extrêmement graves sur les équipes« , précise l’ONG, « dans un contexte où les groupes armés et les autorités civiles tolèrent, voire soutiennent les assassinats, les enlèvements, les attaques à l’encontre des travailleurs humanitaires. »
Une situation devenue intenable
« Nous partons parce que la situation a créé un déséquilibre insoutenable entre les risques auxquels nos équipes sont confrontées, les compromis que nous devons faire et notre capacité à fournir une assistance aux victimes somaliennes« , a expliqué le Dr Unni Karunakara, président de MSF International. Au-delà des meurtres, des enlèvements et des agressions contre ses équipes, l’ONG a dû recourir à des gardes armés, une mesure exceptionnelle non employée dans d’autres pays, et à tolérer des limitations extrêmes quant à sa capacité d’évaluer d’une manière indépendante les besoins de la population et d’y répondre.
Des besoins immenses
« En définitive, ce sont les civils somaliens qui vont payer le prix fort« , déplore le Dr Karunakara. Durant ses 22 ans d’intervention en Somalie, MSF a effectivement pu constater les immenses besoins de la population. Ainsi, rien qu’en 2012, les équipes MSF ont réalisé plus de 624.000 consultations et 41.000 hospitalisations, soigné 30.090 enfants malnutris, vacciné 58.620 personnes et réalisé 7.300 accouchements.
Pour rappel, la Somalie est en état de guerre civile depuis la chute du président Siad Barre en 1991. Depuis, le pays n’a jamais connu d’autorité centrale effective. Chefs de guerres, de clans, groupes de pirates ou insurgés islamistes shebabs se battent pour le contrôle de portions de territoire. Les combats, auxquels s’ajoutent des sécheresses chroniques, ont fait des millions de réfugiés et déplacés depuis deux décennies.
P. A.