Dès le mois de septembre, le pape François reprendra ses audiences et tête-à-tête avec les dirigeants de la planète. Parmi les premiers à être reçus, figure le bouillant président bolivien, Evo Morales. Nul doute que ce dernier évoquera le bras de fer qu’il mena avec l’Europe en juillet dernier.
Septembre sera un mois riche en audiences accordées par le pape François à des chefs d’Etat, selon le Bureau de presse du Saint-Siège. Celui-ci a annoncé que plusieurs chefs d’Etat seraient reçus par le Saint Père. Le premier sera le président bolivien Evo Morales, qui rencontrera le pape le 6 septembre. Sa dernière visite officielle au Vatican du président remonte à juin 2010.
Evocation du couac avec l’Europe ?
Que se diront les deux hommes ? Il est trop tôt pour le dire, mais il ne fait de doute que le président de la Bolivie évoquera les péripéties de son voyage de retour de Russie en juillet dernier, qui avait donné lieu à un important bras de fer avec plusieurs pays européens.
En réalité, le chef d’Etat latino-américain a fait indirectement les frais de l’affaire Snowden, du nom de cet ancien collaborateur de la NSA, l’agence américaine de sécurité nationale, qui a révélé l’espionnage massif que pratiquent les États-Unis à travers le programme Prism. A l’époque, Snowden était retenu dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou, qu’il ne pouvait quitter sous peine d’être arrêté puisque faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par les Etats-Unis. Rappelons qu’entre-temps, la Russie lui a accordé provisoirement l’asile politique, ce qui porte ombrage aux relations américano-russes.
Bloqué à Vienne, le président bolivien assure avoir reçu la visite de l’ambassadeur d’Espagne en Autriche qui lui aurait proposé un nouveau plan de vol… à condition que le président accepte que son avion soit fouillé. Motif ? Edward Snowden aurait pris place dans l’avion présidentiel ! De toute évidence un affront pour un chef d’Etat qui s’est estimé touché dans sa « dignité et son honneur ». Entre-temps, Paris, Lisbonne, Madrid et Rome ont présenté leurs excuses au dirigeant sud-américain qui les a acceptées. Mais, le sentiment de ne pas avoir été traité comme un chef d’Etat reste vif. Le président Morales l’exprime dans une tribune publiée dans l’édition du mois d’août du Monde diplomatique: « Violant tous les principes de la bonne foi et les conventions internationales, Washington a transformé une partie du continent européen en territoire colonisé. Une injure aux droits de l’homme, l’une des conquêtes de la Révolution française. (…) La séquestration d’un avion présidentiel et de son équipage – que l’on est en droit d’estimer impensable au XXIe siècle – illustre la survivance d’une forme de racisme au sein de certains gouvernements européens ». Pour lui, les choses sont claires : les États-Unis ont ordonné à des alliés ‘très dociles’ de tout faire pour stopper la supposée extraction d’Edward Snowden par Evo Morales. On sait aujourd’hui que cette hypothèse était fausse.
Signalons encore qu’un autre chef d’Etat sud-américain rencontrera le pape François, à savoir le président de la République du Honduras Porfirio Lobo Sosa, qui sera en visite au Vatican le 20 septembre. Ce dernier avait rencontré Benoît XVI en octobre 2011.
Enfin, les deux capitaines-régents qui gouvernent la République de Saint-Marin, Denis Amici et Antonella Mularoni, rencontreront quant à eux le souverain pontife au terme de l’audience générale du 4 septembre. D’autres visites de chefs d’Etat devraient bientôt venir s’ajouter à ce programme.
JJD (avec Apic/I.media)