Dans le conflit qui agite l'Egypte, on parle beaucoup des coptes, pris en otage entre les Frères musulmans, partisan du président déchu Morsi, et le pouvoir mis en place par l'armée. Mais qui sont-ils ? Il ne faut pas confondre "copte" et "copte" ! Une même appellation dissimule parfois des réalités différentes.
Ainsi le mot "copte" n'est nullement synonyme de "chrétien égyptien". En effet, à côté de l'Eglise orthodoxe d'Alexandrie forte de 350.000 fidèles, existent en Egypte l'Eglise copte orthodoxe et l'Eglise catholique copte, qu'il convient de bien distinguer.
La première nommée est de loin la plus importante et la plus ancienne. Comptant de 7 à 10 millions de membres, elle aurait été fondée selon la tradition par Saint Marc, le terme "copte" signifiant lui-même "égyptien". Dès lors, la religion chrétienne adoptée par la grande majorité des Egyptiens durant les premiers siècles de notre ère s'accompagne d'un art spécifique - l'art copte -, mais aussi d'une "langue copte" qui provient directement de la culture pharaonique antique. Autocéphale, l'Eglise copte orthodoxe est dirigée par le patriarche d'Alexandrie - actuellement Théodore II - et se rattache aux Eglises orthodoxes orientales.
Son histoire est parsemée de querelles et scissions diverses. La plus importante de celles-ci remonte à 451, lorsque ses fidèles refusèrent la formulation de la double nature divine et humaine du Christ par le concile de Chalcédoine. Rompant avec Rome, l'Eglise copte orthodoxe adopta alors majoritairement le miaphysisme : cette doctrine dérivée du monophysisme ne voulait voir en Jésus-Christ qu'une seule et unique nature. Quant à la minorité des Chrétiens égyptiens en accord avec le concile, elle constitua l'Eglise orthodoxe d'Alexandrie. Toutefois ces querelles théologiques dissimulaient en réalité des luttes politiques visant à établir l'indépendance de l'Egypte par rapport à Rome, mais aussi à Constantinople. C'est ainsi qu'au VIIème siècle, à la faveur de la conquête musulmane, l'Eglise copte orthodoxe gagna son autonomie vis-à-vis cette fois des empereurs byzantins.
D'où provient alors l'Eglise "catholique copte" ? Nullement d'une énième scission au sein de la communauté chrétienne égyptienne, comme on pourrait le croire au vu de ce qui précède. Bien au contraire, il s'agit d'une Eglise missionnaire fondée par le pape Léon XIII en 1899, alors qu'une union purement formelle existait depuis 1442 entre Rome et l'Eglise copte orthodoxe. C'est sans doute en raison de sa fondation récente que l'Eglise catholique copte ne s'est encore que peu développée, le nombre de ses fidèles ne dépassant guère 100 000 actuellement.
Louis Mathoux
