Le plus grand pays du monde arabe est-il en train de basculer dans le chaos et la guerre civile ? Tout le laisse penser. Après la reprise en main du pouvoir par l’armée, les Frères musulmans ont appelé à un soulèvement après des tirs de qui ont tué au moins 35 manifestants au Caire.
L’Egypte va-t-elle basculer dans la guerre civile ? La situation actuelle y ressemble très fort. Après la destitution du président Morsi, élu démocratiquement à l’issue des premières élections libres. A l’époque, toute le monde avait salué l’élection de celui en qui on voyait un islamiste modéré capable de mener le pays vers une réelle démocratie. Mais, des milliers d’Egyptiens ont manifesté depuis plusieurs semaines, accusant le président de faire glisser le pays vers une « dictature islamiste ». Finalement, l’armée – qui avait contribué à la chute d’Hosni Moubarak pourtant issu de ses rangs - est sortie de sa réserve et « invité » Mohamed Morsi à « entendre la voix du peuple ». Puis, les militaires ont « repris les choses en mains, destituant le président élu et mettant à la tête du pays, un président par intérim.
Depuis quelques jours, des négociations ont lieu pour former un gouvernement de transition, qui devra gérer le pays et organiser des élections anticipées. Or, la situation a dégénéré ce lundi matin. L’armée a tiré sur des partisans du président destitué, qui avait établi un « sitting » devant la siège de la Garde républicaine. Il y a entre 35 et 42 morts, selon les sources, lesquels qui s’ajoutent hélas aux décès enregistrés à la veille du week-end.
A la suite de cette fusillade, le parti salafiste Al Nour, arrivé deuxième lors des élections législatives, s’est immédiatement retiré des négociations gouvernementales. Ce qui pourrait permettre la nomination du social-démocrate Ziad Bahaa El Din comme de Premier ministre provisoire, et celle de Mohamed El Baradeï, ancien direceteur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et leader de l'opposition laïque, au poste de vice-président.
Craintes pour les coptes
Quant aux Frères musulmans, dont fait partie Mohamed Morsi, ils ont appelé « au martyre » et « au soulèvement ». Le parti de la justice et de la liberté (PLJ), vitrine politique de ceux-ci, a demandé l’intervention de la communauté internationale « pour empêcher d'autres massacres et l'apparition d'une nouvelle Syrie dans le monde arabe ».
Dans ce pays au bord de la guerre civile, la situation des chrétiens ne cesse d’inquiéter. Les coptes ont déjà payé un lourd tribut à la révolution égyptienne et, à la veille du week-end une de leurs églises a été incendiée. Accusés par les islamistes de faire le jeu du pouvoir, les coptes se sentent menacés. Il faut donc espérer que la raison l’emportera, mais lorsque les armes parlent, les appels au calme sont, hélas, rarement entendus.
JJD (avec La Croix et RTBF)