Justin Welby, le chef de l'Eglise d'Angleterre (photo), est ouvertement parti en guerre contre les "payday lenders", ces compagnies de crédits proposant sur Internet des prêts à très court terme, mais à des taux très élevés. Il aimerait créer une coopérative financière prêtant de l'argent à faible taux d'intérêt.
Justin Welby, ancien employé de l'industrie pétrolière et membre de la commission parlementaire sur le système bancaire, s'intéresse de près aux questions économiques. Il souhaiterait notamment mettre fin aux pratiques des "payday lenders" et plus particulièrement à celles du site Wonga, qui prospère en vendant des crédits très bas – d'un montant maximum de 400 livres (463 euros) – sur une durée maximale de 46 jours. Le principe est très simple: plus le prêt est long, plus les taux sont élevés. Ainsi, un internaute qui emprunte 100 livres sur une journée devra rembourser 106,56 livres et jusqu'à 154,03 livres sur 46 jours.
"J'ai rencontré le patron de Wonga. (…) Je lui ai dit franchement que nous n'allions pas essayer de lui faire mettre la clé sous la porte grâce à des arrangements juridiques, mais en lui faisant concurrence", a déclaré l'archevêque de Canterbury, dans un entretien paru le 24 juillet dernier sur le site du magazine "Total Politics". Début juillet, l'Eglise Anglicane a déjà lancé la "Clergy Mutual Credit Union", un service de crédits réservé à ses employés et aux membres du clergé. Elle souhaiterait maintenant créer une coopérative d'organismes de crédits pour l'ensemble des citoyens britanniques.
Une information embarrassante
Cette coopérative ne serait pas directement gérée par l'Eglise, mais cette dernière s'y impliquerait, par exemple, en lui prêtant ses locaux ou en lui offrant les expertises professionnelles de certains ecclésiastiques qualifiés. Si l'idée de Justin Welby est novatrice et ne manque pas d'intérêt, elle vient malheureusement de prendre du plomb dans l'aile. Vendredi 26 juillet, le chef de la Communion anglicane a effectivement découvert que l'Eglise anglicane d'Angleterre avait investi dans Wonga, la société de prêt sur salaires contre laquelle il vient précisément de déclarer la guerre.
"C'est très embarrassant (...). Nous devons trouver un moyen de comprendre pourquoi cela s'est produit et nous assurer que cela ne se reproduise pas", a-t-il déclaré sur la BBC. Une en-quête indépendante va déterminer comment "ce grave manque de cohérence" a pu se produire, a précisé Lambeth Palace, le bureau de l'archevêque.
P. A.