Après le viol collectif dont a été victime, au début juillet en Orissa, une novice de la congrégation des Sœurs franciscaines de Saint-Joseph, les réactions d’indignation n’ont pas manqué en Inde. Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay et président de la Conférence épiscopale d’Inde (CBCI), dénoncé « un crime odieux et une transgression abominable faite à l’honneur des femmes dans notre pays ».
Les faits se sont produits début juillet. Avertie par téléphone que sa mère était malade, la future religieuse est rentrée chez elle en Orissa. Là, deux de ses cousins l’attendaient pour la kidnapper et la séquestrer. Du 5 au 11 juillet, la jeune femme a été victime de viols répétés, avant d’être déposée à la gare avec l’injonction de ne rien dire à personne, rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Paris ‘Eglises d’Asie’. .
Malgré tout la jeune femme est parvenue jusqu’à son village où elle a porté plainte auprès de la police le 13 juillet. Dès le lendemain, les deux cousins en question étaient arrêtés. Selon la presse indienne, le mobile du crime serait la vengeance, un frère de la religieuse étant accusé d’avoir tué, il y a deux ans, le père des cousins.
Ce crime concernant une religieuse dans le district de l’Orissa, théâtre en 2008 de pogroms antichrétiens meurtriers perpétrés par des hindouistes, a immédiatement réveillé la crainte de violences inter-communautaires.
Vers une nouvelle prise de conscience ?
Le viol de la jeune religieuse intervient après la publication en février par plusieurs organisations chrétiennes d’un rapport décrivant l’état d’insécurité et de violence sexuelle que subissent les femmes en Orissa. L’enquête faisait état d’une hausse inquiétante des violences, y compris envers les très jeunes filles, et dénonçait la totale impunité accordée aux agresseurs.
Le 14 juillet au Jharkhand, quatre collégiennes, âgées de 12 à 14 ans, ont été violées par huit hommes qui étaient venus les chercher jusque dans le dortoir d’un pensionnat tenu par l’Eglise évangélique d’Inde. Elles appartenaient à une communauté aborigène.
Une autre affaire de viol collectif et de mort d’une jeune étudiante indienne à New Delhi, en décembre dernier, avait suscité un vaste mouvement de protestations dans le pays, et une prise de conscience nouvelle sur les violences sexuelles envers les femmes. Le gouvernement a déposé en mars dernier un projet de loi devant le Parlement punissant le viol de 20 ans de réclusion, voire de la peine de mort si la victime succombe à ses blessures. Diverses ONG et associations indiennes ont critiqué cette loi comme une mesure de circonstance qui ne résoudra pas le problème des viols en Inde.
38 millions de femmes manquent à l’appel
Selon les statistiques de la police, 24’200 viols ont été rapportés en 2011, soit un toutes les vingt minutes. Un chiffre que les ONG affirment très sous-estimé. Des observateurs notent que le déséquilibre persistant du ratio entre les sexes à la naissance – et son corollaire, à savoir les quelque 37 ou 38 millions de femmes qui manquent aujourd’hui à l’appel – fragilise encore la condition féminine. Un grand nombre d’hommes ne trouvent pas de partenaires pour se marier.
apic/eda – photo: www.crowdact.com