Le dernier décompte officiel de l’ONU est accablant: le conflit syrien a fait plus de 100.000 victimes et on ne compte plus le nombre de « déplacés » en dehors des frontières du pays: 160.000 en Jordanie, 530.000 au Liban. Pourtant, face à ce conflit, les Occidentaux paraissent paralysés et répugnent à s’engager. Ils tergiversent, s’atermoient mais restent obstinément immobiles. Comment expliquer cette situation inédite ? Décryptage et tentative d’explication.
Pour bien comprendre la situation qui prévaut aujourd’hui en Syrie, il est indispensable de donner quelques balises historiques. En 1970, après 20 ans d’instabilité politique chronique, Hafez el-Assad, le père de l’actuel président syrien, prend le pouvoir à l’occasion d’un coup d’état. D’origine alaouite, il se hisse à la tête d’un pays très contrasté au plan religieux. La Syrie est alors aux prises avec Israël, elle vient de subir en 1967 un échec cuisant lors de la Guerre des Six jours. Hafez el-Assad s’appuie sur le ressentiment des Syriens pour leur imposer un régime autoritaire qui puise sa légitimité dans le nationalisme panarabe, dans la laïcité et le socialisme. Très vite, il fait tomber sur la Syrie une chape de plomb. Le parti Baas sur lequel il s’appuie devient un parti unique. Il est l’instrument qui permet le contrôle de la société. Toute liberté politique mais aussi toute liberté d’initiative économique, a disparu. La liberté d’expression et la liberté de presse sont inexistantes. Même les prêches dans les mosquées et les églises sont relus par la Sûreté de l’Etat.
Aucune opposition n’est en mesure de défier le pouvoir du « Lion de Damas », comme le surnomment alors les chancelleries occidentales. Seule la Confrérie des Frères musulmans réussit à proposer une opposition crédible et structurée. Elle en fera les frais en 1982 à Hama, où une insurrection est noyée dans le sang par le régime syrien. 20 000 personnes perdent la vie. Cet épisode marquera l’exil des Frères musulmans. Plus aucune opposition ne peut s’élever contre le pouvoir absolu d’Hafez el-Assad.
Bachar el-Assad et les espoirs déçus
A sa mort, en 2000, le président syrien cède son siège à son fils, Bachar el-Assad, âgé de 34 ans. Son accession au pouvoir amène beaucoup d’espoirs. Sa jeunesse et son parcours académique en Europe laisse penser que des réformes politiques et économiques sont possibles, que la dictature va desserrer son emprise.
Dans un premier temps, le jeune président laisse les intellectuels relever la tête. C’est le « Printemps de Damas ». Des réformes économiques permettent à la Syrie de s’adapter au nouveau contexte de mondialisation et de s’ouvrir aux nouvelles technologies de l’information. Très rapidement cependant, le jeune Bachar prend peur. La tournure des événements lui échappe. S’appuyant sur les services de sécurité, il ferme une à une toutes les portes qu’il avait entrouvertes, emprisonnant des intellectuels ou renforçant son emprise mafieuse sur l’économie syrienne…
Lire la suite de cette analyse de Nicolas Bossut et Marie Peltier sur le site de Pax Christi: http://paxchristiwb.be
Pax Christi est une association d’éducation permanente dont la mission consiste à sensibiliser citoyens et décideurs aux situations de conflits et à les encourager à devenir des acteurs de paix. L’association développe une analyse critique de la société et stimule des initiatives démocratiques et la citoyenneté active afin de rendre à chacun sa capacité d’action et de réflexion. Active en Belgique francophone, l’association se veut un acteur de paix et de non violence.