Qu’y a-t-il de commun entre un pauvre moine reclus dans son couvent, abîmé en prière et contemplant son Dieu, et le puissant dirigeant, toujours en action, toujours en avion, toujours en réunion? A priori, pas grand-chose. Ancien manager reconverti dans le coaching professionnel, Sébastien Henry est pourtant convaincu que les décideurs auraient intérêt à se laisser inspirer par la vie des moines, qu’ils appartiennent à la famille bénédictine ou au bouddhisme zen. Surtout que les cadres sont de plus en plus nombreux à vouloir donner davantage de profondeur et de sens à leur action. Interview.
– Comment vous est venue l’idée de faire ce parallèle entre la vie des moines et la vie des dirigeants, alors qu’elles semblent à priori très éloignées ?
– Ce livre trouve son origine dans ma fascination continue pour l’idéal des moines depuis l’âge de 20 ans. Si j’ai finalement fait le choix fondamental de prendre le chemin de l’entreprise, d’abord comme cadre, puis comme entrepreneur et codirigeant d’une PME en Asie, cette présence en moi des moines n’a jamais faibli. Bien que je ne sois pas croyant au sens traditionnel, je suis fasciné par leur radicalité et leur sens de la discipline. Ils renoncent effectivement à tout ce qui fait l’attrait de la « vraie vie » pour la plupart des hommes – relation amoureuse, enfants, argent, pouvoir, reconnaissance – afin de se consacrer intégralement à leur recherche spirituelle, se concentrer sur ce qui leur apporte le plus de sens. Or, dans le monde de l’entreprise, le grand danger est d’oublier l’essentiel, de perdre son âme. Partant de ce constat, je me suis demandé ce qui, dans la vie des moines, pouvait inspirer la mienne, au quotidien.
– Concrètement, comment avez-vous procédé?
Pendant une quinzaine d’années, j’ai fait des séjours réguliers dans des monastères chrétiens et bouddhistes en France, en Chine et au Japon. J’ai rencontré des dizaines de moines, j’ai lu de très nombreux témoignages de moines afin de mieux comprendre leur vie, lu et relu les textes majeurs des fondateurs de communauté et surtout, essayé de mettre en pratique dans ma vie de décideur ce que j’avais appris. Et puis, j’ai commencé à partager le fruit de mes découvertes et de mes recherches avec d’autres décideurs. En parlant avec eux, je me suis aperçu que cette aspiration spirituelle était présente chez nombre d’entre eux, mais recouverte par l’urgence du quotidien, les obligations familiales, les voyages, etc. Je leur ai expliqué qu’il était possible de rester dans le monde de l’action tout en s’inspirant de la discipline spirituelle des moines.
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Retrouvez la suite de l’interview et du dossier réalisé par Pascal André dans Dimanche n°22 du 16 juin, disponible via la boutique en ligne