Les chrétiens de Turquie soutiennent-ils les manifestations ?


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Les chrétiens de Turquie soutiennent-ils les manifestations ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

En Turquie, la contestation se poursuit dans les rues, alors que les syndicats appellent à continuer la mobilisation. Mais comment se situent les chrétiens face à ces manifestations ? D'après une enquête menée par le journal "La Croix", il semble que la plupart partagent la colère de leurs compatriotes.

Qu'elles soient assyriennes, arméniennes, grecques ou catholiques de rite latin, les minorités chrétiennes du pays sont inquiètes pour leur avenir, notamment en raison de la politique d’islamisation rampante menée par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. La plupart d'entre elles ont d'ailleurs exprimé leur soutien aux manifestations qui ont lieu en Turquie depuis une semaine.

"Nous voyons dans notre vie les conséquences de la politique de ce gouvernement qui exclut tous ceux qui ne sont pas des siens", raconte Yuhanna Aktas, fondateur de l’association culturelle des Assyriens de Midyat, ville du sud-est du pays. "Les cours de Coran et la vie de Mohammed ont été inclus dans les programmes scolaires. Ils sont présentés sous forme de cours d’option. Mais dans beaucoup d’écoles, les autres cours d’option ne sont pas ouverts sous prétexte qu’il n’y a pas assez d’élèves. Dans des petites localités, les élèves assyriens risquent alors de se trouver obligés de choisir les cours de Coran." Les autres problèmes de la communauté chrétienne, comme l’enseignement dans la langue maternelle ou le droit de propriété des monastères, sont aussi restés non résolus.

Islamisation en douceur de la société

Également propriétaire d’une usine de production de vin, Yuhanna Aktas suit aussi avec inquiétude les récentes restrictions votées sur la vente d’alcool en Turquie. "L’AKP est en train d’interdire l’alcool, mais il le fait doucement", estime-t-il. Cet Assyrien avait pourtant voté pour l’AKP en 2002, lorsque Recep Tayyip Erdogan promettait plus de libertés pour tous les citoyens.

Des membres de la communauté arménienne d’Istanbul suivent aussi de près le mouvement social en cours. "Nous ne sommes pas une communauté homogène", explique Rober Koptas, rédacteur en chef d’Agos, journal publié en arménien et en turc. "Il y a donc des gens qui soutiennent les manifestations et d'autres qui y sont opposés. Mais j’ai vu beaucoup de jeunes Arméniens qui étaient présents aux manifestations, à la fois de manière individuelle et au nom de leurs associations."

Les catholiques sont inquiets

Quant à la petite communauté catholique de rite latin, qui compte 1.500 fidèles, elle espère que les tensions vont rapidement se calmer. Le vicariat est situé tout près de Taksim, lieu central des manifestations. "Nous sommes la minorité des minorités en Turquie", estime Mgr Louis-Armel Pelâtre, vicaire apostolique d’Istanbul . "Les catholiques de rite latin ne participent pas aux manifestations, mais suivent avec inquiétude les événements."

P. A. (avec La Croix)

Catégorie : L'actu

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