Trois adultes en pleine crise existentielle réapprennent à vivre grâce à une vieille dame qu’ils pensaient aider à mourir: voilà le joli thème du dernier film de la réalisatrice belge Anne-Marie Etienne.
Contrairement à ce que pouvait laisser présager le titre, ce n’est pas sous le soleil de la Méditerranée que ce film nous conduit, mais sous celui de la Moselle luxembourgeoise, avec son joli vignoble. Le cadre choisi par la réalisatrice belge Anne-Marie Etienne n’en est pas moins idyllique: une grande et jolie maison de campagne qui va réunir, le temps des vacances d’été, trois personnages en pleine crise existentielle autour d’une vieille dame nonagénaire qui s’apprête à vivre son dernier été.
Il y a là Christophe, un cadre surmené qui élève seul ses trois petites filles et vient de perdre son travail. Sa meilleure amie s’appelle Nathalie, chef d’un restaurant étoilé, qui démissionne quand son patron lui impose de passer à la cuisine fusion. Quant à la plus jeune, Joëlle, une mère maladroite, rebelle et butée, elle cache un grand cœur en s’investissant auprès de diverses associations et de homes pour personnes âgées. Déboussolée après le départ de son compagnon, elle vient régulièrement consulter Selma, 95 ans, voyante à ses heures; histoire d’arrondir sa maigre pension.
Grande amie de Selma dont elle apprend le mal incurable qui la frappe, Nathalie décide d’embarquer tout ce petit monde à la campagne dans une superbe maison, avec parc et piscine posée à l’ombre d’un figuier. Mais alors que Christophe, Nathalie et Joëlle, pensaient aider Selma à mourir dans la sérénité, c’est Selma qui, tout en délicatesse, va les aider à vivre en les replaçant face à l’essentiel.
Tendresse et bienveillance
« Sous le figuier » aurait pu être une variation lumineuse de « Amour » (Palme d’or 2012) de Michael Haneke. Mais s’il y a beaucoup d’humanité dans ce joli film qui réussit à éviter le mélo, le pathos ou les grandes leçons de vie, il manque aussi de puissance. Anne-Marie Etienne a préféré choisir la légèreté pour écrire cette histoire, dans laquelle le crépuscule de Selma va aider à la « renaissance » des autres. L’émotion, la tendresse, la bienveillance, l’humour aussi sont au rendez-vous, et nous permettent ainsi de passer un bon moment à la campagne tout en goûtant à une belle leçon de sagesse.
Le plus grand plaisir de ce film est incontestablement de voir jouer Gisèle Casadesus qui vient de fêter ses 99 ans! Après avoir donné le goût de la lecture à Gérard Depardieu dans « La tête en friche », la doyenne du cinéma français nous offre une belle page de fraîcheur et de douceur. Généreuse et aimante, pétillante et gaie, pleine de grâce, de tolérance et en même temps dotée d’une grande clairvoyance, Gisèle Casadesus irradie complètement cette œuvre. On rêve tous d’avoir ou de devenir une telle grand-mère!
Pierre GRANIER
« Sous le figuier », d’Anne-Marie Etienne, avec Gisèle Casadesus, Anne Consigny, Marie Kremer et Jonathan Zaccaï – 1h32