Le Patriarche de l’Eglise orthodoxe russe Cyrille Ier achèvera le 15 mai sa visite en République populaire de Chine. C’est une première. Un chef du patriarcat de Moscou, invité par les autorités chinoises, cela ne se voit pas tous les jours ! Et pourtant, les relations unissant l’église orthodoxe russe et la Chine sont vieilles de trois siècles… Et oui ! Ne levez pas les sourcils vers le haut ! Plongeons ensemble plutôt dans cette histoire russo-chinoise méconnue…
Pékin, Shanghai, Harbin, trois villes qui constituent l’itinéraire du Patriarche Cyrille en Chine. Des lieux symboliques car c’est de là que la religion orthodoxe a pénétré dans l’Empire du milieu il y a trois siècles.
C’est avec l’arrivée du prêtre Maxime Léontiev à Pékin que commencèrent au XVIIe siècle les activités missionnaires russes en Chine. En 1713, est créée la première mission russe en Chine qui aura pendant près d’un siècle et demi un rôle spirituel mais aussi diplomatique. Les membres de la mission ont réussi, au fil des siècles, à entretenir la foi orthodoxe parmi les descendants des cosaques d’Albazine, qui se sont mêlés aux peuples chinois et mandchou, et à convertir une petite partie de la population locale (en 1918, on comptait près de 10 000 Chinois orthodoxes). D’ailleurs, les Saintes écritures et les textes liturgiques furent traduits en chinois à leur intention.
Dans les années 1920, le diocèse de Pékin voit le jour.
Les missionnaires russes en Chine ont jeté les bases de la recherche orientaliste nationale et largement œuvré sur le terrain de la diplomatie. C’est en partie grâce à leurs travaux que la Russie et la Chine n’ont jamais été en guerre l’une contre l’autre. La mission a malheureusement pris fin en 1954, pour des raisons politiques. Elle comptait alors une centaine d’églises orthodoxes dans plusieurs régions du pays. La plupart d’entre elles ont été détruites lors de la révolution culturelle.
Lorsque la mission fut dissoute, le Saint Synode, à Moscou, décida d’instituer une Eglise orthodoxe chinoise autonome. Elle était dirigée par un Chinois d’origine, l’évêque Vassili (Chuan) de Pékin, ordonné en Russie en 1957. Lui et l’évêque Siméon de Shanghai sont décédés dans les années 1960. Le dernier prêtre chinois à célébrer la liturgie, le père Grigori Tchou, est mort en 2000. Il était au service de l’église de l’Intercession de Harbin, qui avait été rouverte en 1986. En 2003, les croyants de la capitale ont enterré le père Alexandre Dou, le dernier prêtre orthodoxe vivant à Pékin.
Quant au nombre des citoyens chinois orthodoxes actuels, les estimations varient de 7.000 à 15.000 croyants, d’après l’archiprêtre Nikolaï Balachov, secrétaire aux relations inter-orthodoxes au service des Relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou.
S’il ne reste que 12 lieux de culte orthodoxe répartis dans diverses régions de la Chine, à Pékin, il n’y a plus qu’une seule église : l’église de la Dormition, située sur le territoire de l’ambassade de Russie. Plusieurs fois dans l’année, un prêtre venu de Russie y célèbre un service pour les diplomates et les ressortissants russes.
Revenons à Cyrille Ier et à son périple chinois…
Cyrille a souligné à Pékin que son Eglise se donnait pour mission de renforcer l’amitié entre les deux peuples. Il a convenu avec le président Xi Jinping de poursuivre le dialogue entre le patriarcat de Moscou et les responsables des Affaires religieuses. Durant cette visite historique, l’édition chinoise de son livre « Liberté et responsabilité à la recherche de l’harmonie : Dignité de l’Homme et droits de la personne » a été présentée.
AL/apic/religioscope