Une vingtaine de pays d’Asie et d’Afrique peinent à raccorder leur population à l’électricité, affirme la Banque mondiale dans un rapport. Des investissements massifs doivent être réalisés pour remédier au problème d’ici à 2030.
Allumer une lampe chez soi, le soir, pour mieux voir. Un geste banal à nos yeux et pourtant inaccessible à une part considérable de l’humanité. Selon un rapport de la Banque mondiale et de l’Agence internationale de l’énergie, publié le 28 mai dernier, environ 1,2 milliard de personnes dans le monde sont privés d’électricité, tandis que 2,8 milliards d’individus utilisent des combustibles solides – bois, charbon, déchets d’origine végétale ou animale… – pour préparer leur repas et se chauffer. Ce qui n’est pas sans risques, ces combustibles représentant « une source de pollution dangereuse pour la santé, qui contribue à près de quatre millions de morts prématurées par an, principalement chez les femmes et les enfants« , précisent les auteurs du rapport.
Comme il fallait s’y attendre, la majorité des personnes encore privées d’électricité se situent dans les pays les plus pauvres d’Asie et d’Afrique subsaharienne, dont l’Inde, le Bangladesh et le Soudant, et 80% d’entre elles vivent en milieu rural.
Des progrès insuffisants
Les auteurs du rapport reconnaissent que des progrès ont été réalisés ces vingt dernières années. Entre 1990 et 2010, le pourcentage des personnes privées d’électricité dans le monde a effectivement reculé de 24 à 17%. Mais ces efforts restent insuffisants pour répondre à la demande. Durant cette période, font-ils remarquer, « la population ayant accès à l’électricité et à des combustibles non solides a augmenté de, respectivement, 1,2% et 1,1% par an, soit légèrement moins rapidement que la croissance démographique mondiale enregistrée au cours de la même période (1,3%) ».
Le constat est plus ou moins identique en ce qui concerne les énergies renouvelables. La part de celles-ci dans la consommation mondiale n’a que très peu augmenté, passant de 16,6 à 18% en vingt ans. Un pourcentage que l’ONU souhaiterait voir passer à 36% d’ici 2030. Un objectif ambitieux qui ne pourra être atteint que si les vingt pays qui consomment 80% de l’énergie mondiale, notamment les États-Unis et la Chine qui en utilisent 40 % à eux seuls, montrent la voie à suivre.
Doubler les investissements
Selon le rapport, les investissements dans le secteur de l’énergie, actuellement de l’ordre de 409 milliards de dollars par an, devront plus que doubler si l’on veut atteindre les trois objec-tifs cités ci-dessus. Il faudra investir entre 600 et 800 milliards de dollars de plus, dont au moins 45 milliards de dollars dans l’accroissement de l’offre d’électricité, 4,4 milliards de dollars dans les combustibles modernes pour la cuisson, 394 milliards de dollars dans l’amélioration des rendements énergétiques et 174 milliards de dollars dans les énergies renouvelables.
Pascal ANDRE