Quel usage les belges font-ils des drogues ? « Difficile à estimer » selon le journal Le Soir qui au lendemain de la publication de statistiques européennes sur la toxicomanie observe que notre pays « ignore qui sont ses toxicos ».
L’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) a publié ce mardi 28 mai ses statistiques sur l’usage de stupéfiants en Europe. Première observation à la lecture de ces statistiques: les chiffres restent alarmants mais surtout incomplets en ce qui concerne la Belgique. La consommation d’amphétamines, d’ecstasy ou d’opiacés n’est pas quantifiée. Notre pays ne fournit pas non plus de données sur le taux d’overdose parmi les 15-64 ans. Seule la Flandre donne des chiffres concernant la consommation de cannabis.
Comment expliquer que la Belgique ne puisse fournir ces données ? D’après le journal Le Soir, notre pays base ses observations sur les chiffres qui remontent de France, d’Allemagne, d’Espagne, etc. « en espérant qu’il n’y a pas de spécificité belge, alors qu’elle a eu un rôle crucial dans la diffusion des nouvelles drogues de synthèse« . Le journal relève aussi qu’Eurotox, l’organisme chargé de collecter les données, n’est plus suffisamment subsidié et que sa pérennité n’est pas assurée pour 2014. Plusieurs membres du personnel se sont déjà vu signifier la fin de leur contrat. Grave, écrit encore Le Soir, qui estime qu’une politique ne peut être déterminée sans connaissance chiffrée du problème.
Quelques observations chiffrées
Le cannabis reste la drogue la plus populaire en Europe et dans notre pays, en particulier chez les étudiants et les jeunes adultes. En Belgique, une personne sur cinq parmi les 15-16 ans admettrait en avoir déjà consommé « au moins une fois ». Une diminution légère a toutefois été enregistrée au cours des cinq dernières années en Wallonie; en Flandre, on parle plutôt d’une stabilisation de la consommation.
L’usage de drogues illicites reste « historiquement élevé » en Europe, qui doit faire face à de « nouvelles menaces » avec des produits de synthèse toujours plus nombreux et de nouveaux types d’usage, alerte l’Observatoire européen dans son rapport annuel. Même si la consommation de cocaïne et de cannabis marque des signes d’érosion, tout comme le nombre de nouveaux usagers d’héroïne et de recours à l’injection, l’observatoire, basé à Lisbonne, souligne que 85 millions d’adultes européens ont consommé une drogue illicite au cours de leur vie.
Au total en Europe, 73 nouvelles substances psychoactives de synthèse, vendues souvent sur l’internet, ont été détectées en 2012 par le système d’alerte précoce européen (Early Warning System). Il en avait identifiées 49 en 2011. Parmi ces nouvelles drogues, 19 étaient des produits chimiques « peu connus ou plus obscurs », et 14 étaient de nouveaux stimulants de synthèse, comme les amphétamines et l’ecstasy, qui concurrencent « dans une certaine mesure la cocaïne ».
Autre observation, le nombre d’héroïnomanes aurait diminué en Belgique: 16% de moins entre 2007 et 2011. L’ecstasy et les amphétamines sont en léger recul mais elles restent les substances les plus consommées. Enfin, de quoi faire réfléchir les consommateurs: l’héroïne a fait a fait « au moins » 6.500 morts en 2011 en Europe, la cocaïne 475. Ces chiffres étant très probablement sous-estimés.
MVL, d’après Le Soir et RTL