Le 17 avril dernier, le Sénat américain a voté contre le contrôle généralisé des antécédents criminels et psychiatriques des acheteurs d’armes à feu. « Un jour de honte pour Washington », a déclaré le président Barack Obama.
Quatre mois après la tragédie de Newton, qui a coûté la vie à 26 personnes dans une école du Connecticut, la réforme voulue par le président américain est dans l’impasse. En effet, soixante votes étaient nécessaires pour faire adopter son projet de loi visant à renforcer le contrôle des antécédents criminels et psychiatriques des acheteurs d’armes à feu. Il n’a finalement reçu l’appui « que » de 54 sénateurs. Insuffisant pour que le texte puisse amender la législation sur le contrôle des armes.
Pour Barack Obama, qui s’est beaucoup investi dans ce dossier, il s’agit d’un échec cuisant. Mercredi dernier, il n’a d’ailleurs pas caché sa colère, évoquant « un jour de honte pour Washington« . « Au lieu de soutenir ce compromis, le lobby des armes et ses alliés ont volontairement menti à propos de cette loi », a-t-il déclaré, visant surtout la National Rifle Association (NRA), l’un des groupes de pression les plus puissants du pays. Celle-ci a effectivement profité du soutien presque sans faille des nombreux élus qu’elle finance pour vider la réforme de sa substance.
Lâché par les siens
Si le président américain est en colère, c’est aussi parce qu’il a été lâché par certains des siens. Cinq sénateurs démocrates ont effectivement voté contre les contrôles généralisés. Trois d’entre eux, représentant des États ruraux, remettront en jeu leur mandat l’an prochain et savent qu’un vote jugé hostile par la NRA peut leur coûter leur siège. Réaliste, Dianne Feinstein, la sénatrice à l’origine du texte, le pressentait depuis longtemps. « Vous savez, sur ce sujet, les ennemis sont très puissants« , avait-elle confié, il y a un mois, à « USA Today ».
L’Église américaine est, elle aussi, très déçue, les évêques du pays ayant, dès le départ, appuyé la réforme d’Obama. Le 8 avril dernier, Mgr Stephen Blaire, évêque de Stockton et président du comité Justice et développement humain à la conférence des évêques américains, avait envoyé une lettre au Sénat demandant de promouvoir des lois « qui réduisent la violence des armes à feu et sauvent des vies humaines dans les maisons et communautés de notre pays« .
Un plaidoyer constant
L’engagement des évêques américains en faveur d’une régulation du marché des armes n’est pas neuf. En 2000 déjà, ceux-ci avaient publié une lettre pastorale demandant aux autorités fédérales de veiller à renforcer le contrôle des armes à feu afin de les rendre plus sûres. Mais pour l’Église américaine, la violence des armes est aussi intolérable dans le pays que dans les situation de conflit à travers le monde. Ainsi, le 15 avril dernier, dans un courrier envoyé au secrétaire d’Etat John Kerry, elle pressait le gouvernement à ratifier rapidement le traité de l’ONU sur la vente d’armes conventionnelles, signé le 2 avril par 154 pays.
Pascal ANDRÉ