Mgr Oscar Romero (1917-1980), l’évêque salvadorien assassiné alors qu’il célébrait la messe, pourrait bientôt être béatifié, 20 ans après l’ouverture de son procès. Sa cause de béatification a été “débloquée“ par le pape François, a affirmé le 21 avril 2013 son postulateur, Mgr Vincenzo Paglia. Le processus est resté longtemps bloqué, certains craignant une récupération politique et idéologique de sa mort.
Lors d’une messe qu’il célébrait à l’occasion du 20e anniversaire de la mort de Mgr Tonino Bello, figure connue dans l’Eglise italienne pour son engagement social, Mgr Paglia a ainsi fait part de son “émotion“, alors même que venait d’être “débloquée“ la cause de béatification de Mgr Romero, tué par les escadrons de la mort du Salvador pour son engagement en faveur du peuple. La veille, Mgr Paglia avait été reçu par le pape François au Vatican, dans le cadre des audiences accordées aux différents responsables de dicastère. Il n’est pas à exclure que la cause de béatification de Mgr Romero ait été au menu de la rencontre, a confié un collaborateur du postulateur à l’agence de presse I.MEDIA. Les détails concernant les délais et les modalités devraient arriver dans les prochains jours, a encore indiqué le responsable.
Peu après l’élection du pape François, Mgr Paglia avait confirmé que la cause était en “bonne voie“. La situation semble s’être résolue rapidement. A l’image d’autres dossiers et nominations traités ces dernières semaines, il se pourrait que le nouveau pontife ait choisi de faire avancer les questions préparées et abouties par son prédécesseur sans perdre de temps.
Une longue cause
Ouverte en 1993, la cause de béatification de l’archevêque salvadorien a longtemps fait du surplace. Le processus a commencé lorsque l’archidiocèse de Mgr Romero a mis en place un tribunal ecclésiastique spécial chargé d’examiner ses homélies, ses écrits et ses lettres personnelles. Ce même tribunal a aussi collecté des témoignages concernant les quatre années passées par l’évêque à la tête du diocèse. Envoyés au Vatican en 1997, les résultats de cette enquête préliminaire ont été remis à la Congrégation pour les causes des saints. Le dossier est aussi passé entre les mains de la Congrégation pour la doctrine de la foi et de son préfet de l’époque, le cardinal Joseph Ratzinger.
Le 24 mars 1980, Oscar Romero, archevêque de San Salvador, était assassiné alors qu’il célébrait la messe dans la chapelle de l’hôpital de la Divine Providence, dans la capitale salvadorienne. Pendant ses obsèques, le 30 mars 1980, l’armée avait tiré sur la foule, faisant plusieurs dizaines de victimes. Une commission de l’ONU a ensuite établi que son assassinat avait été ordonné par des militaires de son pays. Dès sa nomination, en 1977, il était entré en conflit avec la haute bourgeoisie, l’armée et le pouvoir, défendant ‘l’option préférentielle pour les pauvres’. La veille de sa mort, il avait demandé aux soldats de refuser d’obéir aux ordres de tuer, malgré les menaces de mort perpétrées à son endroit.
(apic/imedia)