A l'occasion de son assemblée pleinière, qui se déroule en ce moment à Paris, la Conférence des évêques de France devait renouveller sa présidence. C'est Mgr Pontier, archevêque de Marseille, qui a été choisi pour succéder au cardinal André Vingt-Trois qui ne pouvait se représenter à l'issue de son deuxième mandat. Dans son discours d’ouverture de cette assemblée, ce dernier a fustigé les idéologies qui menacent la cohésion sociale, notamment celle qui préside au mariage pour tous.
Alors que la loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe devrait être définitivement adoptée le 23 avril prochain, le président sortant de la Conférence des évêques de France (CEF) a dénoncé "l’invasion organisée et militante" de la théorie du genre. "On se refuse à gérer le fait que les gens ne sont pas identiques. Ils ne sont pas identiques dans leur identité sexuelle mais ils ne sont pas non plus identiques dans leur personnalité, et le principe incontournable de la vie sociale, c’est précisément de faire vivre ensemble des gens qui ne sont pas identiques, de gérer les différences entre les individus sur un mode pacifique et non pas sur un mode de violence", a souligné le prélat.
"Il se prépare une société de violence"
Mgr Vingt-Trois a brandi le risque d'une disparition des moyens d’identification de la différence dans les relations sociales. "Cela veut dire que, par un mécanisme psychologique que nous connaissons bien, on entraîne une frustration de l’expression personnelle, et que la compression de la frustration débouche un jour ou l’autre sur la violence pour faire reconnaître son identité particulière contre l’uniformité sociale. C’est ainsi que se prépare une société de violence".
Il a estimé que les catholiques devaient prendre acte d’une mutation culturelle profonde: "L’espérance chrétienne est de moins en moins reconnue comme une référence commune et comme toujours ce sont les plus faibles qui en font les frais".
Annoncer l'espérance à ceux que la vie afflige
"Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu’elles défendent notre vision de l’homme. Nous devons trouver en nous-mêmes, en notre foi au Christ, les motivations profondes de nos comportements", a averti le prélat français. La suite du Christ ne s’accommode plus d’un vague conformisme social. Elle relève d’un choix délibéré qui nous marque dans notre différence, a relevé le cardinal.
L'archevêque de Paris a également mis en garde contre un "libertarisme moral" dans nos sociétés qui "secrètent une avidité pour dénoncer les coupables qui ne se soumettent pas à la loi commune". Face à cela, il souligne que "la pointe du combat que nous avons à mener…est une conversion permanente pour que nos pratiques soient conformes à ce que nous disons : plus que de dénoncer, il s'agit de s'impliquer positivement dans les actions qui peuvent changer la situation à long terme". Pour le prélat, la "nouvelle évangélisation", doit se développer en intégrant cet objectif prioritaire d'annoncer une espérance à ceux que la vie afflige.
Mgr Vingt-Trois, a également critiqué les dogmes de la laïcité, une question qui doit faire l’objet d’une prochaine loi en France."Il serait dommageable pour la cohésion sociale de stigmatiser les personnes attachées à une religion et à sa pratique, spécialement les juifs et les musulmans. Dans ce domaine, les mesures coercitives provoquent plus de repliement et de fermeture que de tolérance et d’ouverture".
Un nouveau président
Au lendemain de ce discours, on apprenait le nom du successeur de Mgr Vingt-Trois. Il s'agit de Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, qui était jusqu’à présent président du comité "Etudes et Projets" de la Conférence des évêques. Né en 1943, ordonné prêtre en 1966, ce fils de vétérinaire a été formé au Grand séminaire d’Albi et à l'Université pontificale grégorienne à Rome. Il possède une licence de théologie et une maîtrise de lettres modernes (Université de Toulouse). D'abord animateur puis professeur et enfin directeur du séminaire des jeunes Saint-Sulpice-la-Pointe (1er cycle scolarisé), il fut ensuite nommé vicaire de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi en 1982, puis archiprêtre de cette même cathédrale en 1985. Ordonné évêque en 1988, il rejoint alors Digne (1988-1996) puis La Rochelle et Saintes avant d'être nommé à Marseille où il s'est beaucoup investi, en particulier dans les quartiers populaires du nord. Mgr Pontier est aussi connu pour favoriser le dialogue interconfessionnel, notamment avec l'islam.
P.G. (avec Apic)