Mobilisation générale, menaces grandiloquentes, cyberattaques vers l’étranger… : les provocations des autorités nord-coréennes se sont considérablement accrues ces dernières semaines. La communauté internationale est sur le qui-vive. Que se passe-t-il exactement ?
Etat à part sur l’échiquier politique planétaire, la Corée du Nord est considérée comme le dernier régime authentiquement communiste, voire stalinien pur et dur. A l’idéologie marxiste version locale s’ajoute curieusement une succession au pouvoir de type quasi monarchique, les différents dictateurs faisant l’objet d’un culte de la personnalité parfois délirant. Le « Parti du travail de Corée » exerce une emprise absolue sur la société, et le niveau de respect des droits de l’homme serait …le plus bas au monde ! On ne s’étonnera dès lors guère que les chrétiens de ce pays fassent l’objet de terribles persécutions.
Avec l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un le 17 décembre 2011, les observateurs espéraient voir celui-ci libéraliser quelque peu le régime de son père Kim Jong-il et de son grand-père Kim Il-sung, le fondateur de la « dynastie ». Hélas, alors que le peuple nord-coréen est plus que jamais décimé par une effroyable famine, le nouveau maître de Pyongyang a continué à consacrer l’essentiel du budget national à l’entretien d’une armée qui figure parmi les plus importantes au monde : 5,8 millions de soldats pour une population totale d’environ 24 millions d’habitants !
Une puissance nucléaire
Plus grave encore : Kim Jong-un, âgé d’à peine 27 ans lors de son accession au pouvoir et donc complètement dépourvu d’expérience politique, a poursuivi jusqu’à présent les programmes spatial et nucléaire de son pays. Rappelons qu’en 2006, la Corée du Nord est devenue le neuvième Etat de la planète à détenir l’arme atomique. Ces derniers mois, Kim Jong-un n’a eu de cesse de vouloir accroître encore la capacité nucléaire de son armée, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale, et en particulier de la Corée du Sud. Un nouvel essai atomique nord-coréen eut lieu le 12 février dernier. Dans la foulée, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. décida de geler les transactions servant à financer le programme nucléaire et balistique de Pyongyang.
Rhétorique incendiaire
Le régime nord-coréen a aussitôt dénoncé l’armistice de 1953 (qui ponctuait la guerre de Corée) et mobilisé ses réservistes, ne cessant depuis lors de « chauffer à blanc » sa population par une propagande aux accents hystériques. Plus grave : le 20 mars dernier, trois banques et trois chaînes de télévision sud-coréennes ont été victimes de cyberattaques massives émanant probablement de Pyongyang. Enfin, le lendemain même, Kim Jong-un a été jusqu’à menacer de frapper les bases militaires américaines situées au Japon et sur l’île de Guam !
Derrière ces bravades et la rhétorique incendiaire du régime nord-coréen se cache probablement la volonté de revenir en position de force à la table de négociation internationale. Il n’empêche : à force de jouer avec le feu, l’Etat le plus fermé de la planète court le risque de voir se déclencher effectivement un conflit armé …qui se retournerait immanquablement contre lui, mais qui risque d’embraser toute la région, voire la planète !
Louis MATHOUX
(C) Photo: La Croix