Qu’est-ce que le Carême ?


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Qu’est-ce que le Carême ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
4 min

Le Carême est le temps de préparation à la fête de Pâques, cœur de la foi chrétienne. Mais d'où vient cette pratique, comment s'est-elle développée au cours des siècles et est-elle vécue pareillement dans toutes les Églises?

D'où vient le mot "Carême"?

Le mot "Carême" provient de la contraction du mot latin "quadragesima", qui signifie "quarantième". Il désigne la période de quarante jours pendant laquelle l’Eglise se prépare à la fête Pâques par une vie chrétienne plus intense et par diverses pratiques de pénitence.

Le carême désigne la période de quarante jours pendant laquelle l’Eglise se prépare à la fête Pâques par une vie chrétienne plus intense et par diverses pratiques de pénitence.

Pourquoi le Carême dure-t-il quarante jours ?

Le chiffre quarante est, dans la Bible, un chiffre symbolique qui exprime un temps d'attente et de maturation, de dépouillement, de solitude, qui prépare à la rencontre de Dieu, un temps de préparation à de nouveaux commencements. Les Hébreux sont restés quarante ans dans le désert avant d'entrer dans la terre promise. Moïse et Elie sont restés quarante jours sur le Sinaï. Jésus a été envoyé par l'Esprit pendant quarante jours dans le désert avant de commencer sa mission.

Depuis quand vit-on le Carême?

Une certaine brume flotte sur les origines du carême. Comme il arrive souvent dans l'histoire de la liturgie, des initiatives sont prises en divers lieux, qui convergent ensuite vers une unité plus ou moins totale.

A Rome, on commence modestement : au IIe siècle, les chrétiens jeûnent le vendredi et le samedi avant Pâques, pour s'associer physiquement à la condition du Christ mort, et attendre le moment de célébrer sa Résurrection; au IIIe siècle, ce jeûne, moins rigoureux évidemment, est étendu à toute la Semaine sainte, puis aux trois semaines précédant Pâques.

Dans la première moitié du IVe siècle, l'Eglise, qui est désormais reconnue et même favorisée par le pouvoir impérial, peut s'organiser : elle adopte le carême de quarante jours, qui sert de cadre à une double institution.

D'une part, est instauré un catéchuménat pour la préparation des candidats au baptême conféré dans la nuit pascale. D'autre part, est établi un temps d'ascèse et de pénitence pour les chrétiens ayant commis des fautes graves qui sont entrés dans "l'ordre des pénitents", et qui seront réconciliés tous ensemble le jeudi saint.

Cependant, à partir du VIe siècle, les baptêmes d'adultes deviennent rares, car toute la société occidentale est désormais christianisée. L'institution catéchuménale a disparu et le grand baptême de la nuit pascale n'est plus qu'un souvenir. Le Carême n'est pas abandonné pour autant: il est vécu comme un temps de pénitence, de purification, d'expiation, par l'ensemble des chrétiens, qui se préparent à la confession et à la communion pascales.

Restée assez stricte dans les Eglises d'Orient, la pratique pénitentielle de Carême a été de plus en plus allégée en Occident, pour se réduire à des exigences minimales: invitation au jeûne le mercredi des Cendres (qui ouvre le Carême) et le vendredi saint, et abstinence de viande les vendredis de Carême.

L'Eglise catholique conseille aussi de profiter de cette période pour remettre en vigueur l'antique pratique de l'aumône, sous forme, par exemple, de dons à des organismes d'aide aux Tiers-Monde. L'Église, en effet, entend toujours faire de ce temps une sorte de retraite spirituelle marquée par la prière, la mortification et le partage.

Le Carême est-il vécu pareillement dans les autres Églises ?

Les églises réformées n'imposent pas de pratiques de pénitence ou de jeûne, l'insistance porte durant cette période sur la prédication et la méditation.

Si, dans le luthéranisme, on trouve parfois la recommandation de l'abstention de viande le Vendredi Saint, le protestantisme n'est pas directif, aucune consigne particulière n'ayant été laissée par les Apôtres.

Dans l’orthodoxie, il existe plusieurs carêmes: le grand Carême, le Carême de Noël du 15 novembre au 24 décembre, la période de jeûne avant la fête des saints Pierre et Paul, le jeûne de la Dormition du 1er au 14 août. Le grand Carême, également appelé Sainte quarantaine, prépare la fête de Pâques.

Pendant ce grand Carême, les orthodoxes s’abstiennent de tout produit animal, de graisse et de vin, tous les jours sauf le samedi et le dimanche. Il n’y a pas de célébration de la Divine Liturgie les jours de jeûne, du lundi au vendredi. En effet, pour l’orthodoxie, la célébration de l’Eucharistie est incompatible avec le jeûne, car elle célèbre la joie de la résurrection du Christ et anticipe la joie éternelle du Royaume de Dieu.

Pascal ANDRÉ

Catégorie : L'actu

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