Avec 400 votes pour et 175 votes contre, la Chambre des communes britannique s’est prononcée, le mardi 5 février, en faveur de la loi sur le mariage homosexuel. Un vote voulu par le premier ministre Cameron, mais qui divise son parti et le gouvernement. Le texte doit maintenant être examiné par la Chambre des Lords.
Cela n’a pas traîné : en une journée, les députés britanniques ont adopté le projet de loi du gouvernement Cameron sur le mariage des couples de même sexe. Si une large majorité s’est dégagée, c’est grâce, non pas aux députés du camp conservateur auquel appartient David Cameron, mais grâce au soutien de l’autre composante de la majorité, les libéraux-démocrates et surtout… de l’opposition travailliste ! Sachant que ce projet divisait ses troupes, le premier ministre n’avait donné aucune consigne de vote, laissant à chacun la liberté de son choix. Si l’adoption du projet a été rapide, le débat n’en a pas moins été agité, notamment chez les députés conservateurs et il n’est pas sûr qu’il devrait être serein lors de l’examen de la loi par la Chambre haute, où siègent de droit de nombreux membres de l’Église d’Angleterre, hostile au projet. Rappelons que le nouveau chef de l’Église anglicane, Justin Welby, a réaffirmé son opposition à ce projet lors de sa prise de fonction officielle. Il s’est fait l’écho des inquiétudes de l’Église d’Angleterre, auxquelles le gouvernement a tenté de répondre.
La réforme, qui prévoit de permettre à des couples de même sexe de se marier civilement, laisse aux diverses confessions la possibilité de célébrer ou non des unions homosexuelles religieuses, à l’exception de l’Église anglicane, religion d’État, au sein de laquelle le mariage homosexuel restera illégal, a expliqué le cabinet de David Cameron. Concrètement, le texte prévoit que l’Église d’Angleterre et l’Église au pays de Galles ne seront pas autorisées à célébrer de mariages entre personnes de même sexe, jusqu’à ce que leurs instances décident de changer la loi canonique. Si l’institution décide de le faire et d’autoriser ses ministres du culte à célébrer ces mariages, seuls ceux qui souhaitent le faire se feront alors enregistrer officiellement. Ceux qui s’y opposent ne pourront être contraints à célébrer ces unions, ni même à prêter leur Église à un autre prêtre désireux d’y célébrer un mariage homosexuel.
Aucune religion et aucun de ses représentants ne sera tenu de célébrer une union de personnes du même sexe. L’Église catholique, présente au Royaume-Uni et totalement opposée à ce projet, ne devrait donc pas être concernée par la loi. Mais pour cela, le gouvernement devra modifier la loi sur l’égalité de 2010, afin qu’aucune plainte ne puisse être déposée pour « discrimination » contre une organisation religieuse ou un de ses représentants.
Avec La Croix