Chrétiens d’Orient: délitement d’une société


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Chrétiens d’Orient: délitement d’une société
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Qu’ils viennent du Liban, de Palestine ou d’Egypte, les chrétiens d’Orient sont de plus en plus nombreux à quitter leur terre natale. Chaque famille chrétienne d’Orient fait aujourd’hui l’expérience du départ d’une famille voisine, d’un proche, d’un fils, dont personne ne pourrait jurer qu’il va un jour revenir. Depuis l’accession au pouvoir des islamistes en Egypte ou la montée en puissance du Hamas en Palestine, cette "hémorragie" s’est accélérée au point que certains y voient le signe de la fin de la chrétienté d’Orient et avec elle, d’une société multiconfessionnelle au Proche-Orient.

Je ne veux pas être trop pessimiste", assure le père jésuite Joseph Boulad, "mais je pense qu’il ne faut pas se voiler la face: avec les révolutions arabes, nous sommes entrés dans le premier acte d’une pièce qui va être pleine de souffrances. Il n’est pas certain que les chrétiens y survivront".
Il est vrai que les révolutions arabes n’ont pas donné de signes encourageants en ce qui concerne le statut des chrétiens. Si l’accession au pouvoir des islamistes en Tunisie n’a rien changé à leur sujet, -les chrétiens y étant quasi inexistants-, en Egypte, où ils forment près de 10% de la population, ils n’ont quasi pas de représentation politique et sont l’objet de violences ciblées. "Les chrétiens ont participé au mouvement de la place Tahrir en tant que citoyens demandant plus de liberté", rappelle le père Boulad, "mais ils n’ont jamais joué la carte chrétienne, car ils sont trop minoritaires pour cela. Aujourd’hui, ils se sont retirés, car tous les leviers du pouvoir sont aux mains des islamistes." Mais pour François Sweydan, chercheur à l’université de Lyon, l’effacement des chrétiens de la scène publique en Egypte ne date pas de l’avènement des islamistes au pouvoir. "Les Coptes d’Egypte s’infligent une autocensure depuis tant de décennies qu’ils sont menacés de disparition culturelle. Je pense qu’en tenant des discours schizophrènes dans lesquels ils nient leur propre existence, les Coptes se sont eux-mêmes affaiblis." Un constat similaire peut être dressé en Palestine où les chrétiens ne se font plus entendre sur la scène politique. "Le rôle historique des leaders chrétiens du mouvement de libération de la Palestine est à présent gommé de l’histoire officielle, comme celui de Georges Habache. Aujourd’hui, la constitution palestinienne assure que l’Islam est religion d’Etat. Dans les manuels scolaires des petits Palestiniens, il n’est plus question de chrétienté, ni d’Evangile", assure le Palestinien Sami Aldeeb, professeur de droit musulman. Il n’y a qu’au Liban que la communauté maronite continue à jouer un rôle important, forte de ses 30% et de son rôle tampon entre les sunnites et les chiites.
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Laurence D’HONDT

photo: © AED

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