Légalisation ou non légalisation ? Les projets de loi sur le mariage homosexuel en France et en Angleterre font couler beaucoup d’encre… Les « pour » et les « contre » s’affrontent. Les lois s’adoptent. Derrière la question du mariage homosexuel, c’est principalement la question de la procréation qui interroge et interpelle. Décryptage.
Quid outre-manche ?
C’est le 5 février que le Premier ministre britannique David Cameron doit présenter à la Chambre des Communes un projet de loi sur le mariage homosexuel. Selon la presse britannique, entre 130 et 200 députés conservateurs sur 303 ne soutiendraient pas le projet. D’un point de vue légal, la légalisation du mariage ne changerait pas grand-chose. »Au Royaume-Uni, le partenariat civil (depuis 2005) offre les mêmes droits légaux et les mêmes responsabilités que le mariage en cas de décès ou de divorce. Aux yeux de la loi, il équivaut au mariage, mais sans le label et sans la possibilité de se marier à l’église« , explique William Healing, avocat spécialiste du droit de la famille au cabinet Kingsley Napley, interviewé par Le Monde. La légalisation du mariage homosexuel est d’autant plus symbolique qu’elle ne concernera sans doute pas grand monde. En effet, chaque année au Royaume-Uni, il y a un peu plus de 6 000 partenariats civils, pour 250 000 mariages.
L’Eglise anglicane s’est clairement opposée au mariage homosexuel en Angleterre. Elle s’inquiète des conséquences incertaines et imprévisibles pour la société en général et pour le bien commun si le mariage est redéfini en termes ’non sexistes’, apprend-t-on par l’agence suisse Apic.
L’Eglise d’Angleterre reconnait l’ouverture croissante de la société envers les relations entre personnes du même sexe. Dans l’Eglise, les points de vue sur l’homosexualité peuvent être très différents. Pour les Anglicans, une relation homosexuelle durable doit être reconnue par un partenariat civil. Ce partenariat suffit à éviter les discriminations envers les homosexuels. Mais vouloir appliquer une uniformité de traitement pour des formes de relations différentes n’est pas une mesure intelligente. Le mariage ne peut se baser que sur l’amour d’un homme et d’une femme, un amour ouvert à la procréation, dixit le communiqué d’Apic.
Le cas français
Samedi 2 février, les députés français ont adopté par 249 voix contre 97 l’article 1 du projet de loi légalisant en France le mariage homosexuel. Cet article rajoute au code civil rédigé sous Napoléon au début du XIXe siècle une petite phrase au grand sens… : « le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe ».
Le chef des députés UMP (opposition de droite), Christian Jacob, a mis en garde samedi 2 février contre « les bouleversements éthiques et bioéthiques que la loi (allait) entraîner« . Un autre député UMP Philippe Gosselin résume : « Aujourd’hui, c’est le mariage, l’adoption, demain ce sera la PMA (procréation médicalement assistée) et la question des mères porteuses qui est toujours posée« . Les opposants à la loi dite Taubira redoutent, en effet, que le texte entraîne la légalisation de la gestation pour autrui (GPA), interdite pour le moment en France.
D’après Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, le vote « a des conséquences immédiates pour le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant: il serait donc légalement reconnu juste de priver de façon délibérée un enfant d’avoir un père ou une mère« , affirme-t-il dans un communiqué.
Et dans le reste de l’Europe ? Zoom sur l’Italie…
Lors de l’Angélus du 3 février, à l’occasion de la célébration en Italie de la « Journée pour la vie », qui a lieu chaque année le premier dimanche du mois de février, Benoît XVI a encouragé l’initiative « L’un d’entre nous » qui vise à recueillir d’ici novembre 2013 un million de signatures afin de pousser le pouvoir législatif de l’Union européenne à défendre les droits de l’être humain dès sa conception. La famille est un remède à la crise actuelle, a assuré le pape depuis ses appartements du Vatican. Benoît XVI a salué les membres du « Mouvement pour la vie » présents place Saint-Pierre, souhaitant le succès de leur entreprise.
A.L/LaLibre/Le Monde/apic