Depuis des mois, le Mali est en proie à une rébellion islamiste qui occupe le nord du pays. Les intégristes y ont imposé la charia et procédé à de nombreuses exactions, ainsi qu’à la destruction de mausolées saints de l’Islam. Les insurgés se dirigent maintenant vers la capitale Bamako. Les autorités maliennes appellent au secours la France.
La situation au Mali a déjà souvent été évoquée ces derniers mois. Le Conseil de sécurité des Nations Unies avait déjà validé un plan d’intervention d’une force militaire internationale dans le Nord-Mali, en raison des craintes de voir les islamistes qui s’y sont rendus maîtres, n’en fassent la base arrière d’opérations armées. Et de fait, ces craintes semblent fondées puisque les insurgés islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont mis en déroute jeudi 10 janvier les forces gouvernementales dans la ville stratégique de Konna, qui représentait le dernier rempart entre les insurgés et Mopti, la principale ville de la région située à une cinquantaine de kilomètres de là et qui constitue la porte du Nord désertique.
Après des heures de barrages d’artillerie, des combattants islamistes fortement armés ont défilé triomphalement dans le centre de Konna en affirmant vouloir prendre Mopti et la localité voisine de Sévaré, ont raconté les habitants. Une source diplomatique aux Nations unies a affirmé que les islamistes armés étaient désormais à 20 km de la ville de Mopti et que la colonne des jihadistes comptait près de 1.200 hommes équipés de véhicules tout-terrain et pourrait décider de contourner Mopti pour se diriger plus au sud, vers Bamako.
Urgence !
Or, le déploiement d’une force internationale au Mali pour chasser les islamistes, approuvé par l’ONU le 20 décembre, est en préparation, mais sans calendrier précis. En novembre, l’émissaire de l’ONU pour le Sahel Romano Prodi avait estimé une intervention impossible avant septembre prochain. Il y a donc urgence. Raison pour laquelle, le Mali a demandé l’aide militaire de la France, son ex-puissance colonial, qui a exigé une réunion d’urgence des membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Jeudi soir, ils ont exprimé leur « profonde inquiétude relative aux mouvements militaires et aux attaques de terroristes islamistes signalés dans le nord du Mali, en particulier la prise de la ville de Konna ». « Cette grave détérioration de la situation menace davantage encore la stabilité et l’intégrité du Mali et constitue une menace directe pour la paix et la sécurité internationales », a estimé le Conseil de sécurité, réitérant également son appel au rétablissement de la démocratie au Mali et demande aux Etats membres de l’ONU de « fournir une assistance aux forces maliennes de sécurité et de défense afin de réduire la menace que représente les organisations terroristes et les groupes qui leur sont associés ».
L’ambassadeur français auprès des Nations unies a confirmé de son côté la réception d’un appel à une aide militaire lancé par le gouvernement malien. « Si les terroristes n’entendaient pas ce message, le Conseil de sécurité pourrait se réunir à nouveau en urgence, cette fin de semaine par exemple, pour réagir plus fermement », a-t-il ajouté. « Si l’offensive des islamistes se poursuit encore, je pense qu’il y aura des décisions extraordinaires du côté de la communauté internationale », a averti de son côté Romano Prodi. L’Union européenne a aussi évoqué l’urgence d’agir.
Ce vendredi, toutefois, le président François Hollande a déclaré que « la France répondra, strictement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », à la demande d’aide militaire des autorités maliennes. Autrement dit, il n’entend pas y aller seul. Il a estimé que les rebelles « cherchent à porter un coup fatal à l’existence même du Mali », ajoutant que « l’ensemble de la communauté internationale ne pourra pas l’accepter ».
JJD