Même si l’on parle d’accord minimaliste et bien que, comme on pouvait le craindre, la conférence sur le climat, qui s’est achevée ce week-end à Doha, au Qatar, ne soulevait pas beaucoup d’espoirs, c’est bel et bien d’un échec dont il faut parler.
On le savait: il ne fallait pas s’attendre à ce que ce sommet sur le climat de Doha débouche sur des décisions importantes. D’autres précédents sommets avaient déjà donner le ton tant il est vrai que de grands pays industrialisés trainent des pieds pour appliquer le protocole de Kyoto au nom de la compétitivité et de la croissance économique. Ils préfèrent sacrifier sur l’autel de cette dernière la justice climatique, même si 300.000 personnes dans le monde meurent des changements climatiques.
Retraits du protocole de Kyoto
Toutefois, on pouvait espérer mieux à l’issue de deux semaines de travaux. Les 192 négociateurs ont tout juste réussi à s’entendre sur une deuxième prolongation du protocole de Kyoto jusqu’en 2020, pourtant le seul accord contraignant sur la réduction des gaz à effets de serre, largeme,nt responsables des changements climatiques. A cet égard, Doha est et restera l’une des plus mauvaises conférences sur le climat de l’Histoire, comme l’a souligné une eurodéputée écologiste franaçaise. Le plus grave est que la Russie, le Canada et le Japon ont décidé de se retirer du processus de Kyoto, rejoignant ainsi les États-Unis, plus gros émetteur des pays industrialisés, qui n’y ont jamais adhéré. L’Europe, l’Australie et une dizaine d’autres pays ont toutefois renouvelé leur engagement de diminuer leurs émissions de 20 %, mais ils ne représentent que 15 % de celles-ci au niveau mondial.
Dans ce contexte, Doha constitue donc bel et bien un échec !
Le Sud est le grand perdant
Par ailleurs, les décisions prises reportent à 2013 la question de l’augmentation de l’aide financière aux pays en développement pour leur permettre de lutter contre le réchauffement. Lors de la conférence de Copenhague en 2009, les pays industrialisés s’étaient engagés à créer un fonds alimenté à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 et avaient promis une aide intermédiaire de 30 milliards pour la période 2010-2012. Si ce dernier engagement a globalement été respecté, rien n’est décidé pour la suite et aucune décision n’a été prise concernant la réduction des émissions de CO2, à hauteur de 6 milliards de tonnes d’ici 2020 comme le préconise le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement.
« Le grand perdant est finalement le Sud dont les préoccupations ne sont pas rencontrées » a jugé Véronique Rigot, représentante du CNCD-11.11.11 à Doha. Pour les coupoles d’ONG Nord-Sud, le sommet a manqué l’opportunité d’une réelle justice climatique ! Même si Melchior Wathelet, secrétaire d’État fédéral à l’Environnement, a jugé que Doha a été « une étape dans la bonne direction » ; pour les observateurs et experts, il a plutôt été la démonstration d’un rendez-vous manqué. Les espoirs se reportent donc sur un nouveau traité climatique plus global à Paris en 2015. Mais, en prend-t-on le chemin ?
Jean-Jacques Durré