Le 24 octobre dernier, la Commission européenne a proposé la création d’un fonds d’aide pour les millions d’Européens pauvres au sein de l’Union, qui serait doté de quelque 2,5 milliards d’euros jusqu’en 2020. Mais cela suffira-t-il? Les associations caritatives en doutent.
Jusqu’à présent, le programme européen d’aide aux plus démunis était fondé sur les excédents agricoles de l’Union, mais les stocks ont quasi disparu au fil des réformes de la politique agricole commune (PAC), si bien qu’en avril 2011, la Cour européenne de justice a estimé que ce programme n’était plus en conformité avec la loi européenne et qu’il fallait le réformer. Le problème est que certains États, comme l’Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni sont opposés à l’idée même d’une aide alimentaire de solidarité européenne, considérant que ce type de programme devait être géré au niveau national.
Un compromis entre la France et l’Allemagne a permis, à titre transitoire, le maintien du programme en 2012 et 2013, mais en échange de son feu vert, Berlin a réclamé la fin du programme en 2014. Voilà pourquoi, le 24 octobre dernier, la Commission européenne a proposé la création d’un fonds de secours social qui permettrait de fournir une aide alimentaire aux plus pauvres, mais aussi des vêtements et des biens de première nécessité aux sans-abri et aux enfants en situation de privation matérielle. Dans le cadre de programmes nationaux, ce fonds – qui serait doté de quelque 2,5 milliards d’euros jusqu’en 2020 – supporterait 85% du coût de l’aide, et les États-membres prendraient en charge les 15% restants.
Des négociations délicates
Les associations caritatives estiment que ce fonds ne sera pas suffisant pour couvrir tous les besoins. 2,5 milliards d’euros sur sept ans, c’est 360 millions d’euros par an à répartir entre 27 États, voire bientôt 28 avec la Croatie. « Ce n’est pas à la hauteur de l’objectif que s’est fixé l’UE de réduire de 20% la pauvreté d’ici à 2020 », a aussitôt réagi Olivier Berthe, le président des Restos du cœur en France. D’autant que ces 2,5 milliards d’euros sont loin d’être garantis. Les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union devront effectivement les approuver unanimement, les 22 et 23 novembre, lors de négociations sur le budget européen post-2014 qui s’annoncent très délicates en ces temps d’austérité.
Pascal ANDRE