La liberté religieuse de 195 pays sous la loupe de AED


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La liberté religieuse de 195 pays sous la loupe de AED
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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La Fondation pontificale Aide à Eglise en Détresse (AED) qui réalise une surveillance sur 195 pays en matière de liberté religieuse vient de publier son rapport annuel. Publié le 17 octobre en 6 langues et dans 17 pays, ce rapport veut rendre compte de la situation de la liberté religieuse dans le monde (sur tous les continents) au travers d'exemples et de témoignages concrets. En mettant à la disposition du plus grand nombre un rapport précis et documenté, l'AED entend ainsi alerter l'opinion publique de la menace qui pèse sur la liberté religieuse.

Bien documenté, le rapport s’appuie sur les travaux de chercheurs et de journalistes. Il donne ainsi une radiographie des différentes religions, confessions et groupes religieux, sans n’en privilégier aucun. Il apparaît très clairement que les principales victimes de l’absence de liberté religieuse dans le monde sont des chrétiens. 75% des cas d’atteinte à la liberté religieuse dans le monde les concernent. Un constat désolant quand on sait que la liberté religieuse est ancrée dans la Constitution de la plupart des pays. Mais seul un quart d’entre eux la garantit en réalité à leurs citoyens.

En tête de la liste des pays les moins tolérants se trouvent l’Arabie saoudite, la Corée du Nord et le Pakistan. De manière générale, on peut dire que le droit à la liberté religieuse est davantage bafoué au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, ainsi qu’en Asie. La situation se présente de manière particulièrement problématique dans les pays dont les Constitutions définissent une religion d’Etat.

Si ce Rapport montre très nettement que le droit fondamental au libre choix de sa religion, ainsi que le témoignage public de sa foi, restent mondialement menacés, il veut souligner aussi de manière positive que la conscience du droit à la liberté religieuse s’est accrue. C’est ce que démontrent notamment les interventions catégoriques des gouvernements et des parlements de différents Etats européens, ainsi que les décisions du Parlement Européen relatives à la liberté de religion.

La grande nouveauté cette année provient de ce qu’on a appelé le « printemps arabe » et des secousses qui traversent toute cette région. La question d'une citoyenneté égale pour tous quelle que soit son appartenance religieuse, est clairement posée, et même revendiquée. Le droit à la liberté religieuse trouve son fondement dans la dignité même de chaque personne humaine. L’enjeu n’est ni plus ni moins que la paix.

L'ombre du Pakistan

« 2011 aura été annus horribilis pour la liberté religieuse au Pakistan » affirme le Rapport. L'année 2011 restera dans l'histoire du pays comme l'une des plus violentes. Elle a été marquée par deux assassinats tragiques : celui du gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, et celui du ministre fédéral pour les minorités, le catholique Shahbaz Bhatti. Deux meurtres liés à la liberté religieuse, dans la mesure où les deux leaders, l'un musulman, l'autre chrétien, ont été victimes des extrémistes islamistes parce qu'ils étaient favorables à l'abolition, ou du moins la modification, de la loi dite sur le blasphème.

Cette loi punit d'emprisonnement à perpétuité ou de peine de mort ceux qui offensent le Coran ou le prophète Mahomet. Depuis son entrée en vigueur en 1986, cette loi, d'après laquelle la charge de la preuve n'incombe pas à celui qui accuse, est utilisée pour résoudre des litiges privés, et également comme moyen d'oppression des minorités religieuses. Le cas particulier - rappelle le rapport de l'AED - qui a coûté la vie aux deux leaders pakistanais est celui d'Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort sous la fausse accusation de blasphème.
« L'extrémisme musulman, l'intolérance grandissante, le non-droit et l'impunité ont jeté sur la liberté religieuse au Pakistan un voile sombre », note le rapport de l'AED, expliquant : « au niveau juridique, la question principale de 2011 au Pakistan n'était pas l'adoption de nouvelles mesures de restriction de la liberté religieuse, mais l'absence d'abolition des lois limitant fortement la liberté et les droits des fidèles, en alourdissant le système de discrimination et, dans certains cas, de persécution des minorités religieuses ».

La révision éventuelle ou l'abolition de la loi sur le blasphème et une proposition de loi assouplissant les sanctions et exigeant la nécessité de preuves avant d'arrêter un accusé ont a provoqué le soulèvement des groupes et partis religieux extrémistes. La proposition de loi a été retirée et le débat a été définitivement clos après l'assassinat de Taseer et Bhatti.

B.L. avec AED

Catégorie : L'actu

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