Ce n’est pas un « oui » franc et massif, mais c’est tout de même un « oui ». La Conférence des supérieures des religieuses catholiques américaines (LCWR), qui a tenu sa traditionnelle session d’été, s’est penché sur l’état des relations avec le Saint-Siège et plus particulièrement avec la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Les 900 participantes à l’assemblée ont souhaité que soit maintenu leur « rôle officiel de représentation des religieuses américaines au sein de l’Église catholique ».
De toute évidence, le ton redevient conciliant et la volonté de dialogue semble primer. Dans une déclaration au terme de leur assemblée, le 11 août, les religieuses de la LCWR se sont déclarées prêtes à un dialogue franc et honnête avec le Vatican, tout en restant fermes sur leurs principes. La LCWR, dirigée par la sœur franciscaine Pat Farrell, présidente sortante, espère pouvoir continuer à représenter officiellement les religieuses dans l’Eglise catholique et faire entendre la voix des femmes et des laïcs. Mais en même temps, la Conférence souhaite apaiser les tensions et désamorcer le conflit qui a surgi avec l’épiscopat américain et avec Rome.
Mises sous tutelle
Rappelons que ces tensions portaient sur «certaines de leurs positions ecclésiales, éthiques ou sociales». Après une enquête de trois ans, la CDF reprochait aux religieuses américaines leur «absence de soutien aux enseignements de l’Église sur l’ordination des femmes et sur l’homosexualité et son silence concernant le droit à la vie de sa conception à la mort naturelle». Le cardinal américain William Levada, qui était à l’époque président de la CDF, estimait aussi que la LCWR ne défendait pas la «conception biblique de la famille et de la sexualité». Début juin déjà, la Conférence des supérieures des religieuses américaines – représentant de 80 à 90 % des communautés aux États-Unis – avait vertement répliqué au rapport publié le 18 avril 2012 par la CDF et résumant trois années « d’évaluation doctrinale ». Mgr Levada avait même clairement indiqué que si la LCWR n’acceptait pas la révision doctrinale proposée, elle pourrait voir sa reconnaissance canonique retirée au profit d’une nouvelle organisation.
Le Vatican avait décidé de mettre la LCWR sous tutelle et, pour ce faire, avait chargé l’archevêque de Seattle, Mgr Peter Sartain, de pourvoir «à l’étude, au conseil et à l’approbation, lorsque cela est nécessaire, du travail de la LCWR». Son cahier des charges prévoit la révision des statuts, des programmes et du déroulement des assemblées générales de la LCWR, ainsi que le lancement d’un programme de formation continue pour les religieuses.
Oui, mais...
Les dirigeantes de la Conférence commenceront donc à discuter avec le délégué apostolique de Rome, Mgr Peter Sartain, dans le but d’une meilleure compréhension entre les deux parties. Un dialogue qu’elles espèrent « ouvert et honnête », que les religieuses voient comme « l’occasion d’expliquer aux responsables de l’Église leur mission, leurs valeurs et les principes qui les guident ». Qui ne doit pas seulement, à leurs yeux, « conduire à une meilleure compréhension » mais aussi « ouvrir de nouvelles possibilités pour les laïcs, en particulier les femmes, de faire entendre leur voix dans l’Église ».
Très appréciées pour leur action en faveur de la justice sociale, ainsi que dans les hôpitaux et les écoles, les sœurs veulent expliquer leur mission, leurs valeurs et leur ligne d’action, tout en continuant leur travail. Le dialogue sera donc poursuivi aussi longtemps que nécessaire, mais sera « reconsidéré si la LCWR est obligée de compromettre l’intégrité de sa mission », a averti sœur Pat Farell. « La théologie, l’ecclésiologie et la spiritualité du concile Vatican II sont à la base de cette forme de vie religieuse, et bien que celles qui la vivent doivent toujours rester ouvertes à la conversion, cette forme de vie ne doit pas être dévaluée », plaident encore les sœurs dans leur communiqué.
Dans un communiqué publié sur le site de son diocèse de Seattle Mgr Sartain rend une nouvelle fois hommage à l’action « sociale, pastorale et spirituelle » des religieuses et dit se réjouir de leurs « futures discussions » en vue de « la promotion de la vie consacrée aux États-Unis ». Mgr Sartain affirme notamment que le Saint-Siège et les évêques américains sont « fiers de la contribution apportée par les religieuses à la nation américaine, grâce à leur travail social, pastoral et spirituel, particulièrement dans le domaine de la santé, de l’éducation et auprès des couches marginalisées de la population ». Et d’ajouter : « les religieuses américaines méritent notre respect, notre soutien, notre gratitude et nos prières" ». Mgr Sartain affirme qu’il affrontera la mission qui lui a été confiée dans un esprit de prière et de dialogue respectueux. Avec les membres de la LCWR, il s’efforcera d’éclaircir tous les malentendus sans trahir ni l’enseignement de l’Eglise ni le rôle important de la LCWR.
JJD