La Conférence des supérieures des religieuses catholiques américaines de la LCWR est actuellement en session d’été. Elle consacrera une partie de ses travaux au rapport critique rédigé au printemps dernier par la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Quelque 900 religieuses américaines sont réunies jusqu’à samedi 11 août 2012 à Saint-Louis dans l’Etat du Missouri aux Etats-unis pour la traditionnelle rencontre de la Conférence des supérieures des religieuses catholiques des États-Unis, « Leadership Conference of Women Religious » (LCWR ). Fondée en 1956, la LCWR compte plus de 1.500 membres, représentant plus de 80 % des 57.000 religieuses résidant aux États-Unis.
La session d’été est l’occasion pour les religieuses de se pencher sur le délicat dossier des relations avec le Vatican. On le sait, la LCWR a fait l’objet de plusieurs critiques de la part du Saint-Siège. Au terme de trois années d’enquête, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) a lancé un vaste programme de réformes pour remédier aux problèmes que poseraient «certaines de leurs positions ecclésiales, éthiques ou sociales». La CDF lui reproche notamment son «absence de soutien aux enseignements de l’Église sur l’ordination des femmes et sur l’homosexualité et son silence concernant le droit à la vie de sa conception à la mort naturelle».
Le cardinal américain William Levada, qui était à l’époque président de la CDF avant d’être remplacer par Mgr Gerhard Müller, reprochait aussi à la LCWR de ne pas défendre la «conception biblique de la famille et de la sexualité». En revanche, le prélat saluait son action dans le domaine de l’assistance aux pauvres.
Le Vatican a chargé l’archevêque de Seattle, Mgr Peter Sartain, de pourvoir «à l’étude, au conseil et à l’approbation, lorsque cela est nécessaire, du travail de la LCWR». Son cahier des charges prévoit la révision des statuts, des programmes et du déroulement des assemblées générales de la LCWR, ainsi que le lancement d’un programme de formation continue pour les religieuses.
Analyser le document de Rome en profondeur
Interrogée la veille de la session d’été par l’agence de presse catholique américaine CNS, la sœur franciscaine Pat Farrell, présidente de la LCWR, a indiqué que cette rencontre offrira comme d’habitude un programme de formation, traitera des affaires ordinaires et sera une occasion d’échanger pour les supérieures des congrégations religieuses. « Mais il y aura également un temps pour discuter de l’évaluation doctrinale de la LCWR menée par Rome et les réformes exigées par la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi », a-t-elle précisé. Si elle ne veut pas que cette discussion occupe la totalité de la rencontre, sœur Farrell souligne que les religieuses veulent tout de même analyser le document en profondeur de façon à pouvoir élaborer une réponse. De son côté, sœur Louise Gallahue, supérieure des Filles de la Charité de Saint-Louis, a assuré que les religieuses voyaient dans cette réunion annuelle «un temps de dialogue et la compréhension croissante, en communication avec les instances dirigeantes de l’Église, et non pas en conflit avec elles ».
Par ailleurs, le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York et président de la Conférence des évêques des États-Unis, a rendu un hommage aux sœurs de la LCWR, dans un message posté sur son blog. « Contrairement à ce que vous avez pu entendre, Rome aime les Sœurs ! Quand vous aimez quelqu’un, vous manifestez votre inquiétude. Et, récemment, le Vatican a exprimé certaines préoccupations au sujet de la Conférence sur le leadership de la femme religieuse (LCWR), un groupe qui représente beaucoup d’entre elles. Cette expression de préoccupation est une marque d’éloges pour celle-ci, et d’estime encore plus élevée pour toutes les religieuses en Amérique. La concorde avec le Saint-Siège (…) est assez forte pour que les deux parties puissent se poser des questions difficiles ». Le cardinal reconnaît toutefois que « la préoccupation est réelle ».
JJD (avec La Croix)