Les J.O. et les religions


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Les J.O. et les religions
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Les XXXe Olympiades ont débuté ce vendredi 27 juillet. Au-delà des compétitions et de la lutte pour les médailles, les athlètes ont parfois besoin de ressourcement. D’où la présence d’aumôniers. Pour les sportifs musulmans, le dilemme est de savoir s’ils doivent jeûner en ce mois du Ramadan. Le Conseil supérieur des Oulémas du Maroc a tranché.

« Le monde du sport reste assez marqué par la superstition, mais justement un aumônier peut aider à l’éviter : les athlètes arrivent ainsi à comprendre que le prêtre n’est pas un porte-bonheur, mais une présence amie », fait observer Mario Lusek, l’aumônier italien qui accompagne son équipe olympique nationale,

« En termes d’approche religieuse, le sport est un terrain fertile, parce qu’il est une métaphore de l’existence même », estime le prêtre. « Un espace qui devient paroisse ou oratoire, et où son image devient très appréciée, la multiplicité des situations l’amenant à nouer des relations différenciées », ajoute-t-il.

Le choix du Comité olympique italien d’envoyer un aumônier remonte aux Jeux olympiques de Séoul. Même s’il existe un centre multi-religieux dans le village olympique pour les confessions chrétiennes et les religions les plus répandues, la figure de l’aumônier italien est originale car elle se trouve à l’intérieur d’une structure qui réunit tous les athlètes, qui montre cette proximité entre le monde de l’Eglise et le monde du sport.

Par ailleurs, les athlètes musulmans sont face à un dilemme. Pour les quelque 3.000 athlètes musulmans de nombreux pays participant aux JO, qui coïncident cette année avec le ramadan, la situation est en effet délicate : ils doivent combiner les performances physiques avec la pratique du jeûne rituel. Le Ramadan implique pour les musulmans, de ne pas manger ni boire du lever au coucher du soleil. Le risque est grand de voir une bonne partie des athlètes ne pas être au maximum de leurs capacités physiques et mentales.

Dès la publication, il y a six ans, du calendrier des jeux olympiques 2012, la Commission islamique des Droits de l’homme avait formellement protesté auprès du Comité international olympique, et lui avait demandé de revoir son programme. Mais le Comité international olympique avait opposé une fin de non recevoir, arguant du fait que les Jeux Olympiques sont un événement "laïque et apolitique" et que les pratiques religieuses relèvent de chaque athlète et de ses convictions personnelles. En outre les compétitions se déroulent également les vendredis, samedis et dimanche, qui sont des jours sacrés pour les diverses religions, sans que cela n’ait jamais été remis en cause.

Le Comité d’organisation des jeux de Londres a néanmoins consenti quelques arrangements pour les athlètes et délégations musulmans. Il a ainsi décidé de fournir de la nourriture aux athlètes dès le coucher du soleil et a demandé aux restaurants du village olympique de rester ouverts dans la nuit. De leur coté, des mosquées de Londres ont lancé une opération "Iftar 2012" (rupture du jeûne). Ainsi, dès le coucher du soleil, elles serviront des repas aux athlètes, touristes et enfants, musulmans ou non.

Mais, interpellés par cette situation, des responsables musulmans marocains se sont penchés sur cette question du jeûne. Le Conseil supérieur des Oulémas du Maroc a finalement autorisé les sportifs du royaume qui participent aux Jeux Olympiques de Londres, à ne pas observer le jeûne rituel du ramadan. A une condition : celle de rattraper les jours non jeûnés, après le mois sacré, et avant l’avènement du prochain ramadan.

Cette déclaration fait suite à une question de la Fédération royale marocaine de cyclisme sur la possibilité, pour les sportifs marocains participant aux JO, de ne pas observer le jeûne, indique un communiqué du Ministère des Habous et des Affaires islamiques. Le Conseil autorise ces sportifs à ne pas jeûner durant les compétitions, à condition donc qu’ils rattrapent les jours non jeûnés, ajoute le communiqué.

Apic


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