Les 200 chrétiens demeurés dans la ville de Gao craignent pour leur sort après que le bureau local de la Caritas et l’église de la ville aient été détruits par les islamistes. La Croix-Rouge de Belgique est également freinée dans sa distribution de vivres.
Caritas Mali confirme que les rebelles du nord du Mali se sont emparés des villes de Kidal, Gao et Tombouctou et que l’association a dû évacuer son personnel de ces zones à risques.
Malgré le conflit dans le nord et le Coup d’Etat militaire du mois dernier, Caritas Mali poursuivait pourtant ses activités consistant à fournir des aides alimentaires aux populations nécessiteuses dans le reste du pays.
Menaces contre les prêtres et les religieux
Le directeur de Caritas Gao indique qu’il a réussi à fuir la ville après avoir appris que certains groupes rebelles islamistes cherchaient à tuer les prêtres et les religieux. Samedi après-midi, les rebelles ont été repoussés de la ville avant de se regrouper et de finalement s’emparer de Gao abandonnée par les forces armées.
« Nous avons été prévenus par notre gardien que la mission et l’église ont été détruites. Nous avons également reçu des appels de chrétiens restés à Gao qui nous disent qu’ils se cachent et craignent pour leur vie. Environ 200 chrétiens sont toujours dans la ville ».
La Croix-Rouge de Belgique empêchée
Depuis décembre 2009, la Croix-Rouge de Belgique conduit des projets de lutte contre la malnutrition au Mali, en collaboration avec la Croix-Rouge malienne. En raison des troubles actuels, cette action a connu un frein important. Les véhicules de distribution d’aide alimentaire sont désormais utilisés comme véhicules de secours, mais le carburant commence à manquer et les déplacements ne sont plus sécurisés. Les banques commencent à fermer, car les liquidités ne sont plus disponibles. Enfin, l’embargo général décrété par les Etats d’Afrique de l’Est rend l’approvisionnement de plus en plus difficile, tandis que les centres de santé et les hôpitaux au Nord du pays ont été pillés et contraints de fermer.
Depuis plusieurs mois, tous les indicateurs laissent craindre l’imminence d’une crise alimentaire majeure dans toute la région du Sahel. On recense en effet plus de 11% de malnutrition aigüe et près de 40% de malnutrition chronique au Mali. Les troubles actuels amplifient lourdement cette crise.
Le calme règne à Bamako
Par contre, Bamako, la capitale du Mali, est calme, déclare le secrétaire général de Caritas Mali. « Nous suivons la situation dans le nord du pays. Nous avons été contraints d’interrompre temporairement nos opérations dans les paroisses de Gao et Mopti mais nous poursuivons notre action dans le reste du pays afin d’aider les personnes frappées par la crise alimentaire ». Caritas Mali distribue du maïs, du mil, du riz et du sorgo ainsi que des semences à plus de 100’000 personnes touchées par une grave crise alimentaire.
Des scènes de pillage ont été constatées dans les régions nouvellement conquises et une banque a été dynamitée à Gao où les vivres commencent à manquer. Neuf soldats ont été tués lors de la prise de cette ville samedi, selon des témoins.
Les hommes d’Ansar Dine, groupe islamique, ont déclaré vouloir appliquer la charia, le droit islamique, dans tout le Mali contre le souhait du MNLA, les rebelles touaregs, qui veut créer un Etat touareg dans le nord du pays.
apic/fides/Croix-Rouge/SB