Si le sommet premier sommet des dirigeants européens de l’année, tenu ce lundi 30 janvier à Bruxelles, a finalement permis de trouver un accord en matière de rigueur budgétaire des états, il n’en reste pas moins vrai que certaines mesures doivent encore être prises pour sortir (définitivement ?) de la crise. Parmi ces mesures, une taxe sur les transactions financières, qui fait de plus en plus son chemin, et qui vient d’être prônée de nouveau par la CIDSE, une alliance internationale d’agences de développement catholiques.
Le sommet européen a démarré sur fond de polémique, à la suite de la proposition de l’Allemagne visant à placer la Grèce sous stricte tutelle budgétaire. Hormis cette polémique et quelques bras de fer, les pays de l’Union européenne, à l’exception de la Grande-Bretagne et de la République tchèque, ont adopté un nouveau traité renforçant leur discipline budgétaire. Ainsi, 25 des 27 états membres de l’UE ont accepté d’inscrire dans leurs législations une « règle d’or » sur le retour à l’équilibre budgétaire avec, à la clé, des sanctions quasi-automatiques en cas de dérapages des déficits publics.
Il n’en reste pas moins vrai que la crise se poursuit et que celle-ci entraîne un accroissement des inégalités auxquelles il faudrait un jour s’attaquer. Dans l’optique de réduire ces inégalités, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical pour la justice et la paix, s’est dit favorable à l’adoption d’une taxe sur les transactions financières (TTF) et à la mise en place d’un secteur financier créateur de richesses pour l’ensemble de la société. Il a fait cette déclaration a tenu ces propos lors du Comité Directeur annuel de la CIDSE, à la veille de l’ouverture du Sommet européen. Le prélat a déclaré « qu’une mesure de taxation des transactions financières permettrait de ramener l’économie et la finance à leur véritable raison, y compris sociale. Cette mesure serait utile pour promouvoir la durabilité et le développement mondial à l’aune des principes de solidarité et de justice sociale. Elle pourrait en outre contribuer à la mise en place d’un fonds mondial chargé de soutenir les économies des pays touchés par la crise et le redressement de leurs systèmes financiers et monétaires ».
Mgr John Arnold, évêque auxiliaire de Westminster et l’un des neuf évêques européens présents à la réunion de la CIDSE, est également favorable à la taxe et exhorte les gouvernements sceptiques comme le Royaume Uni à la soutenir dans le cadre « d’une vie économique qui place la dignité humaine au centre de ses activités ».
Réduire la spéculation
Cette idée de taxe sur les transactions fait petit à petit son chemin, depuis la crise bancaire de 2008. Les activités spéculatives et les fluctuations économiques qui l’ont suivie ont engendré une instabilité économique laquelle a provoqué un accroissement des inégalités. Selon la CIDSE, la taxe sur les transactions financières permettrait de réduire la spéculation, de stabiliser les marchés financiers et de dégager de nouvelles recettes, plus que nécessaires. Chris Bain, Président de la CIDSE, estime que l’adoption d’une TTF au niveau européen serait le bon choix. Elle permettrait de trouver les fonds nécessaires au financement de projets de lutte contre la pauvreté et le changement climatique et de mettre en place des mesures renforçant la justice et l’équité. Toutefois, une telle mesure ne serait efficace que si elle est adoptée au moins au niveau européen et au mieux dans le monde.
Pour rappel, la CIDSE est une alliance internationale d’agences de développement catholiques dont les membres s’efforcent d’éradiquer la pauvreté et d’instaurer la justice dans le monde selon une stratégie qui leur est commune. Parmi les membres figurent les associations belges Broederlijk Delen et Entraide et Fraternité.
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