“Le message chrétien a beaucoup de sens (…). Je n’exclus pas de revenir un jour à l’Eglise”, titre l’article de Tertio, dans lequel l’économiste flamand Geert Noels est interviewé par Boudewijn Van Peteghem. Doctorante en théologie biblique à l’université de Leuven (KUL) et professeur de physique-chimie Mieke Derde, revient sur cet entretien à Tertio, un hebdomadaire flamand chrétien qui traite de thèmes politiques, sociaux, économiques, culturels, éthiques et religieux.
L’économiste commente l’essence du message chrétien, le thème de la crise actuelle, les façons d’en sortir, car pour lui, il s’agit de bien autre chose qu’une affaire d’argent. Pour sortir de la crise, il prône le retour à la « solidarité », en famille, entre amis.
Pour l’avenir l’économiste entrevoit d’abord un retour à la sobriété: « On sera obligé de vivre avec moins matériellement mais la qualité de vie sera meilleure. Les évolutions viendront de la base”, souligne Geert Noels, qui place la crise dans une perspective plus large. La révolution durable est à l’œuvre: les mentalités changent, nous avons adopté l’énergie alternative, l’économie a de nouvelles chances…”.
“La crise n’épargnera personne, continue-t-il, nous devons l’affronter avec des armes d’autrefois: bâtir ensemble un réseau de solidarité. Le centre de ce réseau sera la famille et les amis. Ce tissu formé par la famille et les amis était bien établi autrefois. Il sera à la base d’un mouvement de transformation”.
Pour Geert Noels, la reprise jaillit toujours de la base qui se laisse inspirer par ce qui est essentiel. S’il « ne va plus à l’Eglise », il n’exclut pas d’y retourner : “Beaucoup de personnes de ma génération éprouvent des difficultés – déjà dès leur jeunesse – avec l’institution-Eglise (…). Cependant, beaucoup d’entre elles sont attirées par les réunions dominicales où les gens se rencontrent, partagent et prennent du temps pour réfléchir ensemble. Il arrive qu’on revienne aux principes chrétiens qu’on redécouvre lorsqu’on on avance en âge. J’y crois profondément. Ces fondamentaux ont été transcrits dans des livres écrits quelques décennies après la mort du Christ. Il faut les interpréter. L’essentiel que l’on en tire, c’est une doctrine, un guide pour les hommes sur la manière de vivre ensemble en communauté. Cette doctrine aide à traverser des moments plus difficiles, elle permet de vaincre le désespoir.
Les problèmes de notre société changent, mais ils restent parallèles (au cours de l’histoire, les mêmes problèmes surgissent, mais sous une autre forme). Aujourd’hui, nous ne souffrons plus d’une faim physique mais d’une faim spirituelle. La faim physique s’est muée en une faim spirituelle. Le message chrétien a du sens, et j’espère qu’il se maintiendra. Je sens qu’il relie les gens les uns aux autres”.
L’économiste dit son estime pour le président européen Herman Van Rompuy qu’il connaît depuis quelque 25 ans : “Van Rompuy a déjà profondément réfléchi à ces thèmes. Il a déjà traversé ce que je vis aujourd’hui. Il est croyant. Nous sommes des sceptiques parce que nous n’avons pas tous les éléments en main. Nous cherchons le sens de ce que nous faisons et nous nous demandons s’il y aura une suite. Qu’est-ce qu’il y a après la mort? Je me sens impuissant de répondre à cette question. Cependant, je constate qu’avec l’âge je deviens plus paisible face à ces questions. La vie n’est pas insensée. J’ai l’impression petit à petit de repousser les frontières du visible et de pouvoir façonner une image. Herman Van Rompuy qui a consacré du temps à la méditation, est plus proche de cette réalité invisible. J’ai confiance dans ce que disent des personnes telles que lui”.
Enfin, l’économiste flamand se dit “très optimiste en ce qui concerne la redécouverte de la spiritualité, mais moins optimiste dans la manière dont elle est canalisée”. Il conclut : “Espérons que la quête spirituelle aille dans la bonne direction et que les hommes écoutent la bonne nouvelle”.
zenit/tertio/bl