Dans le contexte des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011, les responsables de l’Eglise catholique de la République Démocratique du Congo (RDC) ont lancé des appels au calme et à la retenue. Ils ont joint leurs voix aux Organisations non gouvernementales et des droits de l’homme, et à la société civile.
Plus de 32 millions d’électeurs congolais se rendent aux urnes pour élire le président de la république et les 500 députés au parlement. La campagne électorale, ouverte le 28 octobre et close le 26 novembre, a été marquée par des violences entre militants de partis adverses. A Kinshasa, tous les meetings ont été interdits, a annoncé le chef de la police, le général Jean de Dieu Oleko, à l’agence AFP. La décision a été prise, le 26 novembre, à la suite de la mort d’un homme, victime d’un jet de pierre non loin de l’aéroport.
Une délégation des évêques de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO) a appelé les candidats à maintenir la paix et à respecter les résultats des urnes, sans recourir à la violence, rapporte le Service d’information catholique pour l’Afrique (CISA). « Notre souhait est que le vainqueur soit un bon dirigeant, qu’il puisse respecter la Constitution, prendre ses fonctions pacifiquement et donner aux gens la possibilité de travailler », a déclaré Mgr Marcel Utembi, évêque de Kisangani.
L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, s’est également montré préoccupé par cette élection. Il l’a manifesté publiquement, le 10 novembre dernier. « Ce n’est plus un secret pour personne que le climat dans le pays, en général, et dans la capitale, en particulier, est caractérisé par un regain de peur et d’énervement, d’incertitude, sinon de panique », cité par l’agence de presse catholique Documentation et information pour l’Afrique (DIA). Il a ajouté: « Nous sommes tous les jours témoins d’incidents qui étonnent par leur fréquence et leur répétition. On se provoque, on s’arme de machettes, parfois de fusils, on casse, on brûle, comme si l’on était en présence d’ennemis rangés en ordre de bataille ou bien que la fin des élections visaient à tuer, plutôt qu’à sauvegarder et à promouvoir la vie. On ne peut que condamner et stigmatiser ces agissements qui frisent la barbarie. »
L’enjeu de la présidentielle et des législatives en RDC est important. Il s’agit pour les nouveaux élus de sortir le pays de la pauvreté et d’améliorer ses infrastructures. Les organisations internationales estiment que plus de 1.000 personnes meurent chaque jour à cause de la pauvreté ou des violences sexuelles. 80 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et l’espérance de vie est de 47 ans. Cette situation est due à la mauvaise gestion des ressources naturelles (diamant, or, manganèse…) et aux nombreuses guerres civiles dans le pays. Plus de trois millions de personnes sont mortes durant la deuxième guerre du Congo de 1998-2003. Ces sont les deuxièmes élections démocratiques sont donc très attendues par le peuple congolais dans l’espoir qu’elles puissent l’aider à tourner définitivement la page du confit et consolider le processus de démocratisation commencé avec les élections en 2006.
90 observateurs envoyés par Eurac
A l’invitation des organisations de la société civile congolaise réunies dans le réseau Agir pour des Elections transparentes et Apaisées (AETA), EurAc, le Réseau Européen pour l’Afrique centrale, a envoyé une mission d’observation électorale à l’occasion de ces élections présidentielles et législatives. La mission d’EurAc compte 90 observateurs internationaux provenant de 10 pays européens et de trois pays africains. Ils travailleront avec les partenaires d’AETA dans plusieurs localités des onze provinces du pays. L’objectif de la mission est de contribuer à la crédibilité du processus électoral en soutenant le travail des organisations de la société civile congolaise. Le souci d’EurAc est de travailler avec ses partenaires congolais pour assurer un processus apaisé et transparent dans le respect des droits de l’homme et de la loi électorale congolaise.
Apic/eurac/bl