Le 27 octobre, Jean-Pierre Jouyet a pris la parole à la COMECE, sur une thématique européenne. Son exposé avait pour sujet : "Comment restaurer la confiance. La confiance, facteur crucial pour résoudre la crise".
Aperçu de son analyse ci-dessous.
"Pour l’Union européenne c’est une crise sans précédent, car elle prend une dimension non seulement économique affectant la croissance et donc l’emploi mais souligne les faiblesses et les failles de sa gouvernance, plus encore les lacunes de sa construction, et c’est particulièrement vrai pour la zone Euro.
La crise économique est profonde et structurelle."
Jean-Pierre Jouyet a alors fait part de quelques constats quant à la crise, "vue des marchés financiers". On observe ainsi "un développement excessif de certains segments des marchés financiers dans une grande opacité" (…) une "explosion de la sphère financière dans des proportions tout à fait extraordinaire". A titre d'exemple, "sur le seul Chicago Mercantile Exchange, il s'échange chaque année l'équivalent de 46 fois la production annuelle mondiale de blé et 24 fois la production de maïs". (…) "Il faut savoir que plus de 50% des transactions se font sur des systèmes opaques. (…) l’apport des marchés financiers à l’économie dite réelle est décroissant depuis plusieurs années. Plus encore, la primauté du financier a conduit à des erreurs de perspective, détournant l’économie de son objectif premier qui est d’assurer, avec le souci d’une constante amélioration, les conditions de vie des hommes. Ce phénomène a conduit à une mise sous tutelle de l’économie, mais aussi du politique par les marchés."
Ensuite, Jean-Pierre Jouyet a envisagé les différents enjeux pour l’Europe et proposé quelques pistes de réflexion.
Selon lui, il est nécessaire de "Re-réguler pour remettre la finance au service de l’économie" (…) "L’un des grands débats à venir reste cependant l’organisation des marchés actions.", (…) il faut également "mieux organiser la filière des matières premières" (…) "Ces directives doivent être accompagnées de mesures vigoureuses assurant la protection des investisseurs." , "Il faut aussi renforcer le contrôle des activités de marchés.".
Concrètement, deux mesures sont à développer. Il s'agit de "La taxe sur les transactions financières" et "La révision du périmètre des activités bancaires".
"Ces efforts de régulation, qui doivent être conduits en Europe, doivent également être faits en coordination avec le reste du monde en particulier au travers du G20." (…) "A cet égard, la Commission pontificale justice et paix a raison de souligner dans son dernier rapport la nécessité de renforcer la gouvernance mondiale."
Il est également indispensable de "Redonner confiance dans l’Europe". En effet, "sans l’euro, l’Union européenne perdrait une grande partie de sa crédibilité". (…) "La création du marché unique par Jacques Delors, de la monnaie unique étaient les premiers piliers d’une intégration plus forte qui devait être complétée par un gouvernement économique. On a cru pouvoir s’en passer, la crise a rattrapé l’Europe." (…) Autrement dit, "nous avons un euro monétaire, car la zone euro s’est dotée de la BCE, il nous faut maintenant un euro politique, c'est-à-dire se doter d’un gouvernement économique.".
Enfin, Jean-Pierre Jouyet a récapitulé la problématique dans la formule : "L’Europe est un enjeu de civilisation", citant Bernanos : "La civilisation européenne n’est pas une civilisation de masse. La civilisation existe précisément pour qu’il n’y ait pas de masse, mais des hommes assez conscient pour ne jamais constituer des masses même s’ils sont entre eux rassemblés.".
COMECE/at
