Cela fait plusieurs années que le Conseil interdiocésain des laïcs (CIL) est engagé dans une démarche d’écoute de la base. Très vite, une convergence notable est apparue entre les différents témoignages recueillis, que ceux-ci émanent de pasteurs, de fidèles ou d’experts. Globalement, les catholiques sont plutôt insatisfaits de l’état actuel de l’Église en Belgique francophone. Et ils dénoncent des déficiences ou des dérives dans les pastorales qui y sont mises en œuvre. Le livre que le CIL vient de publier aux éditions Fidélité sur base de ce long travail d’écoute ne se contente pas de décrire ou de dénoncer ce qui ne va pas; il propose également des lignes pour l’action.
Il y a quelques années, le CIL a entamé une action baptisée « A la rencontre du peuple de Dieu ». Il s’agissait de rencontrer différentes catégories de personnes. Tout d’abord, une dizaine de « sages », experts en théologie, en philosophie, en animation spirituelle, des hommes et des femmes ayant des responsabilités dans l’Église. Ensuite, une trentaine de groupes de chrétiens engagés, ayant expérimenté des manières modernes de vivre leur foi en communauté. Enfin, huit rencontres régionales ont rassemblé chaque fois une cinquantaine de participants. Ils ont librement échangé sur les thèmes évoqués le plus souvent lors des contacts précédents.
De ces rencontres et échanges ont émergés « Dix propositions pour espérer et progresser dans l’Église » que l’on peut retrouver dans un livre paru aux éditions Fidélité et que voici résumées.
1. La vitalité, l’avenir de notre Église, reposent de petites communautés à taille humaine qui rejoignent des groupes plus larges (paroisse, unité pastorale) pour célébrer en Église dans certaines circonstance, et qui restent ouvertes sur le monde.
2. Petites ou grandes, les communautés doivent se prendre en charge sans attendre ou suivre aveuglément des consignes venues d’en haut.
3. En paroisse, la coresponsabilité entre le curé et les laïcs est essentielle. (…) Face à la raréfaction des prêtres, confier l’animation d’une paroisse à un laïc (homme ou femme) ou à une équipe de laïcs, qui fera appel à un prêtre pour présider l’Eucharistie. (…)
4. Pratiquer la fraternité, la convivialité, les relations vraies entre personnes. Que chacun ait l’occasion de s’exprimer, quels que soient son origine, son niveau de formation, son degré de compétence. Donner la priorité au plus pauvre (…).
5. Labourer nos vies par les textes évangéliques par nous-mêmes et en équipe liturgique. Ne pas se laisser intimider par ceux qui tentent d’imposer leur façon de voir ou de faire.
6. Elargir certaines homélies à un partage de l’Ecriture dans lequel chacun peut proposer sa propre parole. Dieu et la vérité n’appartiennent à personne.
7. Pratiquer la démocratie: que tous les baptisés aient l’occasion d’être associés à la réflexion (donc à l’information) et au maximum de décisions. Promouvoir la parité homme et femme dans tous les organes de décision. Faire confiance aux femmes, à la richesse de leurs dons dont il ne faut pas se priver, entre autres pour animer la liturgie.
8. Promouvoir en toute occasion le dialogue: il n’y a pas deux classes de chrétiens, les clercs et les autres. (…)
9. Adopter en conscience des règles de vie adaptées au temps présent, plutôt que d’adopter une doctrine toute faite, considérée comme immuable.
10. En synthèse, appliquer les quatre dimensions des Actes des Apôtres: être assidus à l’enseignement, partager les biens, rompre le pain, prier ensemble.
« Cela reste des propositions et pas des positions inébranlables« , précise le CIL. « Elles sont là pour donner à penser, à méditer, à essayer et surtout à dialoguer. » Voilà pourquoi il souhaite, à travers cette publication, entamer ou continuer les échanges entamés il y a huit ans. Toutes les contributions sont donc les bienvenues et peuvent être envoyées à l’adresse cil@cil.be.
CtB/PA