Editorial du P. Charles Delhez, paru dans "Dimanche Express" n°27 du 14 août 2011 :
À l’ombre des vacances, l’étude de l’ADRASS (Association pour le développement de la Recherche Appliquée en Sciences sociales) sur la pratique du culte en Wallonie à l’horizon 2050 est peut-être passée inaperçue. Les mots font mal : désintérêt pour l’Église, chute libre, déliquescence. En 40 ans les baptêmes sont passés de 92,8% à 54% et les mariages, de 83,5% à 28,8%. La pratique dominicale, durant ce temps, chutait de 33,9% à 7,4%, avec une accélération entre 1998 et 2008. Si la tendance de ces dix dernières années se confirme, estime l’ADRASS, qui ne voit aucun signe de ralentissement, les catholiques wallons ne seront plus, en 2030, que 17% et seuls 3,2% d’entre eux iront encore à la messe (contre 6,8 actuellement). En 2050, ces chiffres passeront respectivement à 8,4% et 1,6%. Une dégringolade qui n’est hélas pas un monopole belge. Ainsi, en Allemagne, il y a eu en 2010 un peu plus de sorties de l’Église que de baptêmes.
Nul ne peut prévoir l’avenir. Cette extrapolation n’a cependant rien d’invraisemblable. Le “petit reste”, expression que la Bible applique à Israël lors de l’exil à Babylone, devient notre réalité. Un exil non pas géographique, mais culturel et sociologique. La religion catholique qui a façonné l’Europe et notamment la Belgique – “L’union fait la force” visait à l’époque l’opposition des catholiques et des libéraux aux protestants hollandais – se voit reléguée aux marges de notre société.
Il est bon, ici, de se rappeler que, durant les trois premiers siècles du christianisme, il en fut ainsi, sous le feu des persécutions. Et que l’Afrique du nord ou la Turquie, profondément christianisées jusqu’au VIIe siècle, ne comptent plus que de très petites communauté chrétiennes. En Inde, l’Église n’a jamais été que très minoritaire, comptant environ 1% de catholiques. Jésus ne semble d’ailleurs pas avoir prévu une Église majoritaire. Il parlait d’un peu de levain pour faire lever la pâte et comparait ses disciples au sel de la terre.
Qu’est-il demandé aux croyants dans cette situation relativement nouvelle pour notre pays ? Sans doute simplement qu’ils soient heureux de leur foi et cohérents dans leur agir. Les chiffres, en effet, ne font pas nécessairement le dynamisme. Le reste appartient à Dieu qui nous confie l’avenir. "Ne crains rien, petit troupeau", disait Jésus. "Il a plu à ton Père de te donner le Royaume" (Luc 12, 32).
Charles DELHEZ
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