La libération conditionnelle de Michelle Martin suscite beaucoup de réactions dans l’opinion publique. Certains se demandent notamment pourquoi celle-ci a demandé à pouvoir terminer sa peine dans un couvent français. Explications.
Le 9 mai dernier, le tribunal d’application des peines a accordé à Michelle Martin, ex-femme et complice du meurtrier pédophile Marc Dutroux, une libération conditionnelle. Selon la loi belge, un condamné peut en effet demander une remise en liberté anticipée après avoir purgé un tiers de la peine prononcée. Arrêtée le 13 août 1996 et condamnée en juin 2004 à 30 ans de réclusion, Michelle Martin a déjà passé près de 14 ans en cellule. Elle peut donc terminer sa peine en dehors de la prison, moyennant le respect des conditions qui lui sont imposées pendant un délai d’épreuve déterminé.
Convertie au catholicisme
Ce qui surprend, c’est le choix de son nouveau lieu d’hébergement. L’ex-femme de Marc Dutroux a effectivement demandé à être réinsérée au sein d’un couvent français en vue de sa libération conditionnelle. On ignore cependant dans quel établissement religieux elle sera accueillie. Cette ancienne témoin de Jéhovah, convertie au catholicisme, serait en effet devenue profondément croyante durant sa détention, comme l’a expliqué à une équipe de Bel RTL une aumonière de prison qui lui a rendu visite pendant des années, lorsqu’elle était détenue à Namur. « La personne que j’avais en face était une personne en grande souffrance« , explique-t-elle. « Elle a beaucoup évolué et réfléchi pendant toutes ces années. (…) Si elle avait rencontré quelqu’un d’autre, sa vie aurait été différente et on n’aurait jamais entendu parler d’elle. » L’aumônière, qui a tenu à garder l’anonymat, reconnaît que ses propos pourraient choquer les victimes, mais « tôt ou tard, les gens sortent de prison et doivent se reconstruire. Michelle Martin ne pourra toutefois pas oublier les choses de son passé. Elle va devoir vivre avec. »
Un nouveau départ
Pour le père Tommy Scholtès, également interrogé par Bel RTL, « passer par un couvent ou un monastère après la prison, ce n’est pas fréquent, mais c’est régulier. Il existe d’ailleurs des communautés où on accepte spécifiquement des personnes qui veulent changer de vie« , a-t-il précisé, faisant allusion aux Sœurs dominicaines de Béthanie. Cette congrégation qui compte une centaine de sœurs, réparties dans quatre couvents dont deux en France, s’est effectivement fait une spécialité d’accueillir des femmes repenties. Mgr Gérard Daucourt, évêque de Nanterre, a expliqué sur Europe 1 que cette congrégation permet à d’anciennes prostituées ou criminelles de se consacrer à Dieu en faisant abstraction de ses péchés, ce dernier nous aimant « comme nous sommes« , sans tenir compte de notre passé. Un message que souhaitait aussi délivrer le fondateur de la congrégation, un prêtre visiteur de prison du XIXe siècle, qui écrivait: « Les plus grandes pécheresses ont en elles ce qui fait les plus grandes saintes. Qui sait si elles ne le deviendront pas un jour. »
Pour les victimes de Marc Dutroux et leur famille, cette nouvelle passe plutôt mal, surtout que l’ex-évêque pédophile de Bruges, Roger Vangheluwe, a récemment été accueilli par une communauté religieuse française. Paul Marchal a notamment déclaré que si l’Église venait à accepter Michelle Martin dans un couvent, elle se rendait complice de violeurs d’enfants. Il est toutefois possible qu’elle ne puisse pas s’y rendre, le ministre de la Justice français Michel Mercier ayant affirmé qu’il n’avait pas l’intention de dire oui à l’accueil de l’ex-femme de Marc Dutroux dans un couvent français. Il a cependant ajouté qu’il appliquerait « la convention qui lie la France à la Belgique » en la matière. En effet, son pays est lié par la Convention de Strasbourg du 30 novembre 1964, une convention européenne portant sur la surveillance des personnes condamnées et dans laquelle la France s’engage à accueillir les libérés conditionnels.
Treize conditions
Pour information, treize conditions ont été imposées à Michelle Martin par le tribunal d’application des peines: elle devra être suivie sur le plan psychologique, ne pas entrer en contact avec ses victimes, les personnes concernées par le dossier Dutroux ou les médias. Elle ne pourra changer d’adresse sans l’accord des autorités judiciaires belges, devra avoir une occupation régulière au sein de la communauté qu’elle pourrait rejoindre et continuer à indemniser ses victimes avec ses revenus réguliers. Enfin, le délai d’épreuve quant au respect de ces conditions a été fixé à 10 ans. (CtB/PA)