Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour les migrants et les personnes en déplacement, s’est exprimé sur la traite des êtres humains qu’il a évoquée comme un "phénomène caché, invisible". Pour y faire face, le prélat a invité à changer de mentalité.
Dans une interview à Radio Vatican, Mgr Veglio a évoqué la conférence qui s’est déroulée le 18 mai à Rome sur la lutte contre le trafic de personnes. Organisée par l’ambassade des Etats-Unis près le Saint-Siège et de l’université catholique St. Thomas de Miami, elle avait pour thème "Building Bridges of Freedom" – "Construire des ponts de liberté".
Dans cette interview, Mgr Veglio a déploré "l’indifférence" du monde à l’égard du trafic de personnes, qu’il estime due à la difficulté "d’imaginer ce que signifie être gravement exploités". En effet, "l’exploitation est un phénomène caché, invisible", a-t-il expliqué. C’est donc "notre mentalité qui doit changer".
En donnant l’exemple de produits fabriqués dans des conditions d’exploitation, Mgr Veglio a notamment rappelé l’importance de se renseigner sur "les circonstances dans lesquelles les produits que nous achetons sont fabriqués". Il a évoqué l’idée d’introduire une étiquette "pour indiquer si le produit a été réalisé sans exploitation du travailleur" et s’il "rentre donc dans l’éthique du commerce équitable et solidaire". "Cela comporte un coût plus important, a fait remarquer Mgr Veglio, mais sommes-nous disposés à le payer ?".
Acheter des produits éthiques
Mgr Veglio a aussi estimé que la traite d’êtres humains pouvait être "combattue à travers une approche basée sur le respect des droits humains, qui tienne compte de la triste diffusion du phénomène dans le monde entier". Il a évoqué un "problème très vaste" et a donné plusieurs exemples de ce que l’on appelle communément la traite des personnes: le travail forcé, la situation des enfants soldats, l’exploitation de mineurs pour la fabrication de produits tels que des vêtements ou encore l’exploitation sexuelle ou de personnes pauvres contraintes de travailler dans des situations d’esclavage.
Créer une conscience dans les Églises locales
Dans ce domaine, le travail du dicastère présidé par Mgr Veglio est de "sensibiliser l’opinion publique et de créer une conscience dans les Eglises locales". Ces dernières "se prononcent toujours plus sur ce grave problème". Parmi les différentes documents publiés par les conférences épiscopales, Mgr Veglio a notamment évoqué une déclaration des Philippines contre la vente d’organes, ou de l’épiscopat en Afrique du Sud contre la traite internationale de femmes et d’enfants au Botswana, en Afrique du Sud et au Swaziland.
Mais dans le monde, "les plus actives dans ce domaine sont les congrégations internationales de religieuses". Un réseau international a par exemple été créé, dénommé "Talitha Kum", a-t-il conclu avant de citer Benoît XVI: "De nouveaux problèmes et de nouveaux esclavages émergent aujourd’hui. L’Eglise doit renouveler constamment son engagement d’apporter le Christ, de prolonger sa mission messianique pour l’avènement du Règne de Dieu, Règne de justice, de paix, de liberté, d’amour".
Zenit/AdL