"Non à la guerre en Libye, mais oui à l’accueil des migrants et au développement de leurs pays d’origine". Telles sont en substance les conclusions des réflexions des évêques du Maghreb et d’une délégation épiscopale française et espagnole, réunis du 2 au 4 mai 2011 à Tunis.
La situation de la Libye a bien sûr été évoquée lors des ces rencontres. Les évêques ont notamment appuyé les interventions du Pape Benoît XVI et de Mgr Giovani Martinelli, Vicaire apostolique de Tripoli, en soulignant la priorité du dialogue politique et en rappelant que "personne ne pourra maîtriser les conséquences des interventions armées qui frappent aussi des victimes innocentes". Mais ce sont surtout les flux migratoires occasionnés par le "printemps arabe" qui étaient au cœur des réflexions. Selon les évêques réunis à Tunis, "l’Europe cherche surtout à mettre en œuvre une protection drastique qui ne va pas toujours dans le sens de la justice et devient souvent source d’exclusion et de discrimination." Dans leur note conclusive, envoyée à l’agence Fides, les évêques ont relevé deux attitudes qui ont du mal à se rejoindre: "celle de nombreux politiques qui veulent assurer d’abord et parfois exclusivement la sécurité et la protection de leurs citoyens, malheureusement souvent pour des raisons électoralistes; et celle des disciples de l’Evangile qui, au risque d’être taxés de naïveté, veulent envers et contre tout servir d’abord les personnes et les défendre dans leur dignité, y compris si elles sont clandestines et sans papiers".
"Ces deux attitudes pourraient se conjuguer, ont estimé les évêques, si l’argent qui sert à protéger les frontières servait à développer au moins l’indépendance alimentaire des pays d’où partent les migrants et si des moyens étaient mis en œuvre pour assurer une vie digne à tous les citoyens. Ceux-ci ne seraient plus dans la nécessité de partir au péril de leur vie".
Dans son Message Urbi et Orbi de Pâques, Benoît XVI avait encouragé l’accueil des nombreux exilés et réfugiés qui proviennent de différents pays africains et qui méritent la solidarité de tous. Cette nécessaire solidarité a été reprise par le président de la République italienne à l’occasion du concert offert à Benoît XVI pour le 6e anniversaire de son pontificat. Giorgio Napolitano a en effet déclaré qu' "aucun pays qui se reconnaît dans les traditions et la civilisation européennes ne peut se refermer sur son bien-être, sans prendre part aux grandes responsabilités communes".
Apic/P.G.