50 évêques, soit la moitié de l'épiscopat français, ont assisté à une session doctrinale de formation sur le dialogue interreligieux, "une réalité de terrain parfois difficile à gérer".
La session comprenait une partie théorique, avec des exposés autour des questions théologiques posées par le dialogue avec les autres religions. Ainsi, le père Michel Fédou, jésuite, professeur de patristique et de théologie dogmatique au Centre Sèvres, a-t-il comparé la situation actuelle à celle que vivaient les Pères de l'Église, lorsqu'il devint nécessaire de penser le christianisme dans des cultures nouvelles.
"Nombre d’entre eux partagent la perplexité commune à beaucoup de catholiques face à cette question", analyse le père Jean-Marc Aveline, théologien, qui est intervenu sur la théologie du dialogue interreligieux aujourd'hui. "Ils affichent leur volonté de comprendre ce qui fonde l'engagement de l'Église dans le dialogue interreligieux, et s'appuyer dessus", lorsqu'ils sont interpellés dans leur charge. En effet, "les évêques sont de plus en plus souvent sollicités par les pouvoirs publics sur des questions relevant de la paix sociale, poursuit le théologien. Dans le même temps, ils sentent à l'intérieur du peuple chrétien des interrogations profondes dont ils ne peuvent pas ne pas tenir compte.".
Comme Mgr Georges Pontier, confronté à la présence importante d'élèves de confession musulmane dans les établissements scolaires catholiques. "Jusqu'à 80 % dans certaines écoles implantées dans les quartiers populaires", précise l'archevêque de Marseille. A cette dimension religieuse s'ajoutent des questionnements plus identitaires.
De nombreuses questions concrètes ont été abordées lors d'un dialogue avec Azzedine Gaci, président du conseil régional du culte musulman.
Les enjeux se posent d'abord pour les diocèses urbains, où les relations avec la communauté musulmane sont quelquefois tendues. Notamment "en banlieue, avec l'influence croissante d’un islam de courant salafiste, relève Mgr Michel Santier, président du Conseil pour les relations interreligieuses et évêque de Créteil, en région parisienne. Cela tend la situation sur le terrain, où les responsables musulmans engagés dans le dialogue prennent leurs distances. Et les plus jeunes doivent faire face à certaines provocations, qui les obligent à approfondir leur foi.". Mais les enjeux ne sont pas inexistants pour autant dans les diocèses ruraux. Le dialogue interreligieux y poursuit sa progression. "Jusque dans le bassin minier", relève Mgr Benoît Rivière, évêque d'Autun, qui relève, dans le dialogue interreligieux, une expérience spirituelle qui permet "un approfondissement de notre propre relation au Christ".
La Croix/at